3 février 2020

Ehlder | Nordabetraktelse (2019)




Si, entre De Arma, Stilla, Saiva et son label Nordvis Produktion, Andreas Petterson est un homme très occupé, son éternel frère d'armes depuis Armagedda, Stefan Sandström, plus connu son le nom de Graav, se montre malheureusement plus discret. Löndomm a mis fin à son aventure tandis que Lik, bien qu'officiellement toujours actif, n'a rien produit depuis  "The Second Wind" en 2011 ! Le voir - enfin ! - de retour avec un nouveau projet est donc une excellente nouvelle. Baptisé Ehlder, celui-ci témoigne que le Suédois reste fidèle à un format dépouillé, aussi bien sur un plan humain ( il y fait tout, sauf la batterie, dévolue à un certain Villehard) que musical, véhicule d'un black metal selon son cœur et qui n'appartient donc qu'à lui, à la fois forestier et chamanique, sinistre et glacial. En réalité, l'entité n'est pas récente car elle a démarré en 2013 mais seule une démo avait jusque là été gravée trois ans plus tard. "Nordabetraktelse", son véritable acte de naissance, ne pourra qu'envoûter tous ceux auxquels la présence de Graav manquait. Ils ne seront par conséquent ni déçus ni dépaysés par cette offrande aux allures de cérémonie païenne et nocturne. Car il y a beaucoup de ses anciens (ou pas) groupes dans Ehlder. De Löndomm, il empreinte (un peu) de cette sève folk et rituelle, de Lik (surtout), cette façon unique de marteler un art noir lugubre et hypnotique tout ensemble.




De fait, ce premier album le voit avant tout renouer avec le pur black metal ('Gammelmod'), dont  il taille des lambeaux avec cette science du riff déglingué et du tempo entêtant qui portent incontestablement sa signature quand bien même il ne semble parfois pas loin de marcher sur les pas du Burzum post carcéral, celui de "Belus" voire de  "Fallen", notamment lorsque son chant se mue en psalmodies incantatoires ('Stridskall'). Longs et sinueux, ces titres galopent ou serpentent tour à tour, dans les profondeurs mystérieuses de forêts montagneuses dont la froide rudesse les a préservé de la morsure de l'Homme. Chamane ténébreux convoquant les esprits d'une nature indomptée ('Varerytm I Varganord'), Graav nous guide à travers des chemins tortueux que nimbe une tristesse immense, comme le manifeste 'Hedningadrapa' dont les dernières mesures ouvrent les vannes d'un désespoir inexorable. Son parcours le pousse à percer des paysages grandioses et ravinés au bout desquels se découpe un vaste horizon fait de cimes résineux et de reliefs abrupts. Procession qu'irrigue cette guitare au son grésillant, 'Döden I En Döende Kropp' illustre parfaitement la manière dont cet opus trace dans la terre engluée par l'hiver, un black metal où une vélocité accrocheuse bataille avec un rythme obsédant. Pour toutes ces raisons, "Nordabetraktelse" s'avère être une œuvre extrêmement personnelle, tant dans la forme, celle de cet art noir qui ne file jamais droit, que dans le fond, exploration  de ce Norrland rocailleux et boisé si cher au maître des lieux. (01.12.2019) ⍖⍖⍖


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