12 février 2020

Asagraum | Dawn Of Infinite Fire (2019)




Asagraum possède une particularité grâce à laquelle il ne pouvait passer inaperçu : le groupe ne compte dans ses rangs que des femmes, à l'exception de quelques musiciens de sessions en guise de caisse à outils pour le live, notamment V.Kaos à la guitare. Le départ de Trish, amazone et mercenaire dont les fûts résonnent au sein d'un multitude de projets (dont le plus exposé demeure peut-être Elände), a permis de confirmer que la chanteuse Obscura en est bien la maîtresse des lieux, tenant également la barre en même temps que la guitare et la basse. N'être composé que de femmes ne fait pas nécessairement un bon groupe. Asagraum en est pourtant un. Ceci dit, on pourra chercher longtemps une quelconque trace de féminité dans ce black metal froid comme la roche en hiver, dans l'âtre duquel crépite une noirceur aiguisée au goût de sang et de ténèbres. Contrairement à nombre de ses confrères hollandais bien souvent adeptes d'un art noir cérébral et labyrinthique, la belle arpente des terres plus traditionnelles tant dans le fond (le satanisme comme combustible) que dans la forme, ne cherchant nullement à rénover le genre, fidèle en cela à une expression brute et glaciale, sombre et tranchante tout ensemble, ce qui ne lui interdit pas de s'enfoncer dans les draps entêtants d'une couche aux accents parfois mélodiques (Guahaihoque).





De même, son orthodoxie ne freine pas son penchant pour une topographie meurtrie qui l'entraîne sur un chemin que perforent des gouffres bouillonnant de haine. Plus encore que Potestam Magicum Diaboli, Dawn Of Infinite Fire témoigne à la fois de cet allégeance à un black d'une belle pureté et surtout d'une qualité dans l'écriture, simple mais acérée. Architecte de compositions dont le caractère direct et sans afféteries ne les prive pas d'une progression tourmentée où la rapidité vient s'abîmer dans de venimeux souterrains (Beyond The Black Vortex), Asagraum fait fi des préliminaires, écartant les cuisses pour libérer des riffs grésillants et pollués aux allures de scalpel souillé. Alternant tempos déchaînés et vicieux coups de reins, ces saillies matérialisent de ténébreuses cavités, plongées intense dans un brasier glacial, à l'image des superbes et terrifiants The Lightless Inferno ou They Crawl From The Broken Circle que lacèrent des griffures obsédantes sur fond de rouleaux implacables. Prêtresse maléfique, Obscura n'a de leçon à recevoir de personne en matière de blizzard agressif et sinistre qu'elle inonde, la bouche pleine d'une semence diabolique. Abrasif et obsédant, Dawn Of Infinite Fire pilonne un metal noir d'une sévérité glacée et, ce faisant, fait mieux que transformer l'essai dans le sillage du remarqué Potestam Magicum Diaboli. On finit même par oublier la nature féminine de ses auteurs qui, davantage qu'un groupe de damoiselles, se révèle être tout simplement un excellent groupe tout court ! (18.12.2019 | LHN) ⍖⍖⍖


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