30 mars 2018

KröniK | Watain - Trident Wolf Eclipse (2018)


Si sa radicalité dérange toujours, loin est cependant le temps où Watain était hébergé chez le modeste – mais culte ! - Drakkar Productions qui publia les matriciels "Rabid Death's Curse" puis "Casus Luciferi" entre 2000 et 2003. Passant ensuite de Season Of Mist au puissant Century Media, les Suédois sont devenus un groupe qui vend, voyant même leurs offrandes bénéficier de sorties luxueuses à des années-lumière de l'esprit underground originel. Ces derniers ont-ils mis pour autant de l'eau dans leur vin de messe ?
Contre toute attente, si "The Wild Hunt" disait déjà le contraire, "Trident Wolf Eclipse" se veut une véritable déclaration de guerre et de foi qui, plus qu'un retour aux sources de la brutalité primitive, voit ses procréateurs franchir une étape supplémentaire sur l'échelle de l'intensité furieuse, dernier cran avant que l'homme ne se transforme en créature de la nuit. Après quasiment cinq ans d'abstinence, l'hostie était extrêmement attendue au sein de la chapelle noire. Les fidèles de ce black metal à la suédoise, luciférien et survolté, sinistre et mortifère, ne seront donc pas déçus. Sa durée ramassée (un peu plus de trente minutes seulement) constitue d'emblée un indice précieux quant à l'urgence et la soif d'une agressivité perfide qui ont guidé les fils spirituels d'un Dissection néanmoins jamais remplacé. Huit pistes, huit saillies qui font saigner les muqueuses. Les titres au format plus étiré dont le groupe avait pour habitude de glisser quelques lugubres spécimens ont cette fois-ci été remisés au fond d'une oubliette. Ouvrant la porte de l'album, le premier single, baptisé 'Nuclear Alchemy', nous avait d'ores et déjà prévenus : les Suédois sont bel et bien de retour, plus haineux que jamais. En l'espace de trois minutes chrono, ils bastonnent à tout va, crachant leur fiel à la vitesse d'un cheval au galop. Les racines thrash remontent à la surface, la nuit s'étire, striée de guitares qui hurlent comme une bête en rut, mais tapi dans l'ombre il y a toujours ce sens de l'accroche percutante qui élève cette amorce bien au-dessus de la simple agression en règle. A ce sujet, on ne rappellera jamais assez combien une partie du talent des Suédois réside dans cette manière tranchante de faire suinter de vicieuses mélodies d'un magma bouillonnant de négativité, ce dont témoigne avec une férocité belliqueuse un 'Sacred Damnation' que nimbent des claviers lugubres cependant que les riffs ont quelque chose de scalpels labourant la chair. D'une fulgurante âpreté, "Trident Wolf Eclipse" ne sacrifie pourtant jamais tout à fait les ambiances crépusculaires sur l'autel d'une violence déchaînée. Mid-tempos malsains et lignes de guitares empoisonnées écartèlent ainsi 'The Fire Of Power', néanmoins le titre le plus mélodique du lot, ou un 'Teufelsreich' que couvre le spectre de Jon Nödtveidt dont on rappelle que le guitariste Seith Teitan l'a accompagné lors des dernières années de Dissection. Toutefois, si Watain aime à serrer le frein à main, c'est pour mieux démarrer ensuite tel un rouleau-compresseur aux allures de Panzer, à l'image de 'Towards The Sanctuary' dont les breaks qui le déchirent sont comme d'abyssales crevasses. Sa cadence effrénée ne l'empêche nullement de convoquer un monde nocturne oppressant et démoniaque. Ce faisant, le groupe enfile plus que jamais les apparats du père de "Storm Of The Light's Bane", opus matriciel dont "Trident Wolf Eclipse" est l'ultime rejeton. Watain ne fait aucune concession, trouvant le juste milieu entre fureur démentielle et atmosphères evil, accouchant de l'œuvre intense et fielleuse que nous attendions comme un Graal ténébreux. 4/5 (04/12/2017)






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