9 mars 2018

KröniK | Soyuz Bear - Black Phlegm (2017)


Vous aimez vous prendre des uppercuts dans la gueule ? Vous cherchez à vous faire ramoner les orifices à la préhistorique ? Bref, seule la violence brute trouve grâce à vos yeux embués de douleur. Alors nous ne saurions trop vous conseiller de poser une oreille (au moins) sur Black Phlegm, premier effort longue durée des Toulousains de Soyuz Bear.Tout ici transpire le suint vicieux, la menace sourde, la brutalité froide et oppressante. Il y a déjà le nom du groupe qui évoque une bête massive, tapie dans l’ombre et prête à déchiqueter sa proie. Il y a aussi celui sous lequel se présente ce méfait séminal, connecté aux ténèbres les plus poisseuses.
Rude et tendue, sa défloration ne fait que confirmer ces premiers indicateurs. La grande force de cette jeune pousse réside dans son expression orthodoxe d’un sludge doom (forcément) colérique, la peau rugueuse, le verbe teinté d’un nihilisme mortifère. Ne cherchant nullement à révolutionner un genre qui de toute façon se mesure avant tout à l’aune d’une agressivité authentique que ne souille aucune afféterie, les Français récitent le credo pétrifié en plongeant dans la marée noire d’une nuit sale, une hampe lourde gonflée de haine.Les invariants sont tous là, bien serrés, ce chant biberonné au Destop, ces guitares rongées par la rouille et ce tempo enlisé dans le mazout, et ça fait mal, très mal même. Bien qu’avare en vaseline, Soyuz Bear préfère cependant aux éruptions frénétiques les pesantes perforations. De fait, rares sont les moments où le rythme s’emballe vraiment, à l’exception de Human Vanity et de SWTVM qui, après une amorce étouffante, se lance au galop à travers un champ de ruines avant d’entamer une inexorable décélération dans les profondeurs d’un vertigineux cratère aux lèvres poissées de sang. Tout du long prisonnier d’une gangue glaireuse, Black Phlegm n’en est pas moins travaillé dans ses entrailles par une tension apocalyptique, comme l’illustre le terminal Swollen qui, du haut de ses dix minutes au jus, se dresse dans toute sa noirceur charbonneuse et définitive. Une urgence palpable gronde sous les coups de pilon de guitares toujours au bord de la rupture (Scrub). Le groupe dans son ensemble se montre à l’unisson de cette puissance rentrée qui couve sous la surface de ces morceaux de rage. Une trentaine de minutes suffisent aux Toulousains pour creuser dans la peau les stigmates d’un doom sludge sévère et abrupt dans la lignée aussi cendreuse que furieuse de Eyehategod. 3.5/5 (15/11/17)






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