De part son esthétique et son atmosphère, ce film réalisé par John Huston en 1952, est une oeuvre unique, imprégnée de l'Afrique aussi bien derrière que devant la caméra. Derrière car, tourné en décors naturels, ce qui est alors exceptionnel, le tournage est chaotique, entre les conditions difficiles et un Huston qui privilégie son obsession d'abattre un éléphant au détriment du film lui-même dont le scénario doit être réécrit plusieurs fois, ce que consignera le scénariste Peter Viertel dans un livre adapté en 1990 par Clint Eastwood sous le nom de Chasseur blanc, coeur noir. Devant car ce cadre tropical confère ce caractère moite et réaliste à ces images en technicolor dues à Jack Cardiff. African Queen tire également sa singularité de cette constante opposition entre la nature foncièrement dramatique du récit et la légèreté des rapports entre les deux (anti) héros, entre cette forme de huis-clos et ces espaces ouverts. C'est la connivence et la complémentarité entre Bogart et Hepburn, formidable - quoique surprenant - couple de cinéma, qui dicteront ce ton humoristique, faisant dire à certains qu'il s'agit d'un des films les moins hustoniens de son auteur. L'happy-end inattendue tranche en effet avec la noirceur coutumière du metteur en scène, pourtant l'odyssée initiatique de ces deux personnages porte son incontestable griffe. Dernière histoire d'amour sur fond d'aventures et de guerre, African Queen est inoubliable. (le 23 mars 2017) ⍖⍖⍖
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