18 octobre 2016

KröniK | Ozric Tentacles - Technicians Of The Sacred (2015)


Avec ses trente ans de carrière sous le bras, on ne présente plus Ozric Tentacles, groupe unique en son genre puisqu'il a su créer un style qui n'appartient qu'à lui, ensorcelante mixture instrumentale  à base de progressif, de space rock, de jazz fusion et saupoudrée d'une pincée de Dub et de Psyché. Fidèles à cette signature dont ils ne se départiront jamais, les Anglais sont donc reconnaissables entre mille. Les mauvais langues ne manqueront pas d'affirmer que leurs galettes (quinze à ce jour) se ressemblent toutes un peu. Pas faux, mais au moins est-ce l'assurance de ne jamais être vraiment déçu. Pourtant, il serait inexact de prétendre qu'Ozric Tentacles n'a pas évolué depuis ses débuts en 1983 et que ses albums sont interchangeables. Preuve en est avec "Technicians Of The Sacred", offrande miraculeuse riche de subtiles nuances. De fait, si "The Yumyum Tree" puis "Paper Monkeys" n'apportaient rien de neuf, se contentant de creuser le sillon de "The Floor's Too Far Away" qui reste à ce jour un des mètres étalons de nos hippies britanniques, ce nouvel opus surprend très agréablement, comme si ses géniteurs avaient profité de ces quatre années de silence pour se régénérer et ce faisant, renouer avec une sève créatrice qui commençait donc quelque peu à se tarir. Plus inspirés que jamais donc, ceux-ci nous gratifient même, et pour la première fois depuis "Erpland", d'une double ration de musique, frôlant les quatre-vingt-dix minutes au jus ! Tout cela pourrait être roboratif, pudding difficile à digérer, mais conserve pourtant une incroyable fluidité, une légèreté cosmique. Comme toujours, l'œuvre s'envole très haut vers des sphères célestes. Certes, le terrain est connu, comme en témoigne 'The High Pass', amorce facile bien qu'enchanteresse, pleine de ces rondeurs si caractéristiques, de ces boucles répétitives et enveloppantes, toutefois, ce menu pantagruélique est émaillé de légères évolutions qui le rendent des plus rafraîchissants, toujours aussi limpide. Celles-ci sont à chercher du côté de ces chœurs qui semblent surgir de nulle part, tel une oasis de lumière, à l'image de 'Butterfly Garden' ou de 'Changa Masala'. Par ailleurs, si dans le passé, les Anglais ont régulièrement puisé dans cette palette, les couleurs orientales s'affirment cette fois-ci d'une manière plus nette encore, baignant l'album dans une forme de spiritualité chatoyante, laquelle explose durant 'Epiphlioy', sans doute le point d'orgue et le plus long titre d'une écoute qui invite à la transe chamanique. Sitar, flûte, volutes comme échappées d'une chicha sont convoqués pour un voyage aux confins d'un rêve aux teintes bigarrées. Décollage garanti, assuré par des musiciens à la virtuosité tranquille, parmi lesquels l'indéboulonnable Ed Wynne dont les lignes de guitare stratosphériques bourgeonnent de toute part, jaillissant en un geyser d'harmonie(s). Bref, les fans du groupe ne seront pas dépaysés, quant aux autres, ils passeront leur chemin, comme d'habitude, hermétiques à ce trip psyché hors du temps et des modes. Tant pis pour eux ! 4/5 (2015)


                                   

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