Né
à Londres en 2011 des cendres de Ipso Facto, Purson fait partie, aux côtés des
Astra, Blood Ceremony ou Diagonal, de ces groupes que nous avons eu la chance
de découvrir grâce aux infatigables têtes chercheuses de Rise Above, maison de
disques culte fondée par l'ex Napalm Death et Cathedral, Lee Dorrian, artistes
qui ont en commun, outre un évident talent, une dévotion identique pour la
musique des années 60 et 70, qu'elle soit progressive, sombre ou psychédélique.
Les premiers pas du sujet de cette chronique sont donc intimement liés à
l'écurie britannique, partageant l'affiche avec ses compagnons de label tandis
que sa chanteuse pose sa voix sur "The Last Spire", l'album testament
de Cathedral. Après plusieurs 45 tours et un premier long remarqué, "The
Circle And The Blue Door" (2013), Purson coupe aujourd'hui le cordon et
prend son envol avec une deuxième galette éditée cette fois-ci par le
finlandais Spinefarm Records. Reprenant les choses où les a laissées son
prédécesseur, "Desire's Magic Theatre" creuse à nouveau le sillon
antédiluvien du rock psyché, anachronique et au final pourtant intemporel. Mais
depuis presque trois ans, le groupe a évolué, a progressé, peaufinant un art désormais
moins sombre et plus bigarré. Plus généreux et libéré surtout, affirmant plus
que jamais ses influences. Quoique évidentes, comment par exemple, bien sûr, ne
pas penser en effet à Jimi Hendrix à l'écoute d'un 'Electric Landlady' qui
résonne comme un hommage au défunt gaucher, celles-ci n'en sont pas pour autant
embarrassantes car digérées par un groupe en pleine possession de ses moyens,
sûr de lui et de sa personnalité, proche à la fois de tout ce revival vintage à
la mode et néanmoins unique dans son jusqu'auboutisme, comme s'il avait
réellement connue l'époque hippie alors que ses membres ont juste la vingtaine
! Le mimétisme est troublant et, ne serait-ce cette prise de son actuelle
encore que très roots' dans l'âme, il serait facile de confondre cet album avec
une relique déterrée depuis peu. D'un baroque coloré, " Desire's Magic
Theatre" séduit par ses nuances et la richesse de ses arrangements. Orgue
Hammond ('Pedigree Chums'), piano jazzy ('The Way It Is'), guitare saturée ('Mr
Howard'), flûte forestière ('The Bitter Suite') et percussions soyeuses se mélangent
en une sarabande de voiles lumineux. Basé la plupart du temps sur un format
court sinon calibré, chaque titre a quelque chose d'un spectacle, finement
travaillé et exécuté. Tout à la fois sirène, prêtresse et maîtresse de cérémonie, échappée
d'un swinging London fantasmé, Rosalie Cunningham est bien entendu mise en
avant, sans pour autant bâillonner ses compagnons toutefois plus discrets. Sa
voix est comme un arc-en-ciel qui zèbre une partition d'une noirceur tranquille
('The Sky Parade', 'I Know'). Incontestable réussite aux allures de cabaret
figé dans le temps, "Desire's Magic Theatre" ne distille pourtant pas
à l'arrivée, le même charme que son prédécesseur, offrande au parfum
délicieusement occulte. Purson a perdu en magie ce qu'il a gagné en maîtrise
mais affirme une personnalité aussi généreuse qu'attachante. 3,5/5 (2016)
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