Si
certains se pinceront le nez au simple énoncé de son nom, Vichy porte pourtant
bien son nom, justement, bête haineuse macérant au fond d'un charnier encore
fumant où se mêlent émanations Black metal, remugles de Power Electronics et
relents d'Ambient martial. Suffocant et mortifère se veut donc l'art forgé par
cette nouvelle entité sur laquelle on ne sait que peu de choses, si ce n'est
l'identité du maître des lieux, celui que l'on connait son le sobriquet de
Nekurat, musicien aussi passionnant que passionné qui ne cesse de cracher sa
sinistre semence, tour à tour avec Mhönos, Sordide, Mòr, Mythrim, Hyadingar et
Yuck. S'il semble à première vue nouer peu de liens avec les autres projets de
son géniteur, Vichy porte néanmoins l'empreinte de ce dernier dont le goût pour
des traits extrêmement crus copulant avec des atmosphères malsaines, des
ambiances de décrépitude absolue, demeure immuable. Divisé en six segments
nommés Délation et que distingue les uns des autres une simple numérotation, ce
qui ne facilite pas sa pénétration mais lui confère des allures de bloc, de
masse grouillante de vers porteurs du typhus, Paris créé d'emblée le malaise,
dévoilant une chair meurtrie, constellée de plaies d'où suinte une noirceur
apocalyptique. Percussions autoritaires, voix hargneuses, samples malfaisants
et râles féminins impriment une cadence de parades dictatoriales en un magma
fielleux. Le Mal, le vrai, pas celui des satanistes de fêtes foraines,
s'incarne dans cette partition bruitiste dont le caractère strident confine à
une forme de transe oppressante cependant que les rushs de guitare polluée qui
suce l'humus burzumien ('Délation IV') ravivent l'esprit de l'art noir
originel, Evil et cryptique, glacial et obscur, tel qu'il aurait toujours dû
rester. Paris laisse un goût amer dans la bouche mais possède la capacité rare
de vous hanter longtemps encore son écoute achevée. Ce faisant, c'est encore
une réussite à mettre à l'actif de Nekurat dont la diarrhée créatrice illustre
à elle seule la sève intarissable qui coule dans les veines de cette véritable
famille de musiciens à laquelle il appartient et dont on savoure chacun des
fruits. 3,5/5 (2015)
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