Après
quasiment sept ans d'abstinence discographique seulement interrompue par le EP
"Descent-Ascend" en 2012, long toutefois de presque trente minutes au
compteur, Teloch est enfin de retour, la verge gonflée d'une semence
intensément noire. "Thus Darkness Spake" honore ce black metal à la
finlandaise, aussi sinistre que vicieux, lequel ne doit rien aux chapelles
voisines, suédoise ou norvégienne même s'il partage parfois avec cette dernière
un goût identique pour les atmosphères reptiliennes et une espèce d'âpreté
minérale. Enfanté par une poignée de mercenaires au pedigree éloquent, de Blood
Red Fog à Lordamor sans oublier Saturnian Mist, cette seconde offrande force le
respect par sa sournoise maîtrise et la sève crépusculaire qui coule dans ses veines,
charriant un flot de désespoir. Taillées dans la roche d'une crypte nichée dans
les abîmes de la terre, ces compositions grondent d'une négativité séculaire,
venue du fond des âges. A la furieuse saillie, les Finlandais préfèrent les
lancinants coups de pilon qui font tout autant saigner les muqueuses.
L'implacable 'Obliteration' illustre parfaitement cet art aussi vicié que
malsain qui vibre sous les assauts d'une basse accordée plus bas que terre, copulant avec une batterie dont les rouleaux s'écrasent contre une falaise
oppressante, dressée dans une nuit sans étoiles. Les mid-tempos, intenses et
implacables, dominent un menu qui brille d'un lustre lugubre ('Thus Darkness
Spake'). Si le tempo s'emballe parfois, témoin ce 'Ascending Thrones And
Stars', long de près de sept minutes au jus que perforent quelques douloureux
arpèges, le groupe ne perd donc jamais une occasion pour serrer le frein à main
et écarteler la peau par des breaks saignants quasi thrash, à l'image du
fielleux 'Towards Perdition'. Polluées et dissonantes, les guitares raclent les
chairs à la manière d'un scalpel trempé dans le sang menstruel et inoculent un
venin qui se répand telle une lèpre funeste ('Ablution'). Les vocalises
écorchées du sieur Odium achèvent de plonger l'écoute dans l'intensité opaque
d'une obscurité charbonneuse dont se nourrit ce calice aux couleurs funèbres. S'ouvrant
sur le féroce 'Currents', lequel résume en moins de cinq minutes la signature
des Scandinaves, d'une agressivité rampante, l'opus se referme sur le monumental
'Hymni Tulelle', long et sinueux labyrinthe aux multiples aplats dont les
galeries s'enfoncent dans les ténèbres. Palpitant d'un pouls malsain,
"Thus Darkness Spake" communi(qu)e avec les Enfers , ce qui fait de lui un très grand disque de black metal. 4/5 (2016)
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