8 mai 2016

Teloch | Thus Darkness Spake (2016)


Après quasiment sept ans d'abstinence discographique seulement  interrompue par le EP "Descent-Ascend" en 2012, long toutefois de presque trente minutes au compteur, Teloch est enfin de retour, la verge gonflée d'une semence intensément noire. "Thus Darkness Spake" honore ce black metal à la finlandaise, aussi sinistre que vicieux, lequel ne doit rien aux chapelles voisines, suédoise ou norvégienne même s'il partage parfois avec cette dernière un goût identique pour les atmosphères reptiliennes et une espèce d'âpreté minérale. Enfanté par une poignée de mercenaires au pedigree éloquent, de Blood Red Fog à Lordamor sans oublier Saturnian Mist, cette seconde offrande force le respect par sa sournoise maîtrise et la sève crépusculaire qui coule dans ses veines, charriant un flot de désespoir. Taillées dans la roche d'une crypte nichée dans les abîmes de la terre, ces compositions grondent d'une négativité séculaire, venue du fond des âges. A la furieuse saillie, les Finlandais préfèrent les lancinants coups de pilon qui font tout autant saigner les muqueuses. L'implacable 'Obliteration' illustre parfaitement cet art aussi vicié que malsain qui vibre sous les assauts d'une basse accordée plus bas que terre, copulant avec une batterie dont les rouleaux s'écrasent contre une falaise oppressante, dressée dans une nuit sans étoiles. Les mid-tempos, intenses et implacables, dominent un menu qui brille d'un lustre lugubre ('Thus Darkness Spake'). Si le tempo s'emballe parfois, témoin ce 'Ascending Thrones And Stars', long de près de sept minutes au jus que perforent quelques douloureux arpèges, le groupe ne perd donc jamais une occasion pour serrer le frein à main et écarteler la peau par des breaks saignants quasi thrash, à l'image du fielleux 'Towards Perdition'. Polluées et dissonantes, les guitares raclent les chairs à la manière d'un scalpel trempé dans le sang menstruel et inoculent un venin qui se répand telle une lèpre funeste ('Ablution'). Les vocalises écorchées du sieur Odium achèvent de plonger l'écoute dans l'intensité opaque d'une obscurité charbonneuse dont se nourrit ce calice aux couleurs funèbres. S'ouvrant sur le féroce 'Currents', lequel résume en moins de cinq minutes la signature des Scandinaves, d'une agressivité rampante, l'opus se referme sur le monumental 'Hymni Tulelle', long et sinueux labyrinthe aux multiples aplats dont les galeries s'enfoncent dans les ténèbres. Palpitant d'un pouls malsain, "Thus Darkness Spake" communi(qu)e avec les Enfers , ce qui fait de lui un très grand disque de black metal. 4/5 (2016)


                                     

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