C'est
quasiment avec un an de retard que nous découvrons aujourd'hui ce "Carnicon"
presque résurrectionnel. Mais qu'importe en réalité car l'essentiel réside
justement dans l'écoute impérieuse de ce nouveau méfait des Italiens à côté
duquel il aurait été coupable de passer. Désormais vétéran de la chapelle noire
de la péninsule, puisqu'il a vu la nuit, rappelons-le, en 1994, d'abord sous le
nom de Nema avant de changer définitivement d'identité quelques mois plus tard,
Imago Mortis est donc de retour après cinq ans de silence, seulement brisés par
un maigre EP baptisé Sgabula en 2012. Si le groupe n'a jamais été réputé pour
sa frénétique créativité, il n'en demeure pas moins qu'il a cette fois-ci pris
son temps pour enfanter ce qui n'est finalement que sa troisième offrande en
vingt ans d'activisme obscur. Nombreux sont qui l'attendaient. Ils ne seront
pas déçus, retrouvant intacte cette aura cryptique généralement de mise chez
les hordes noires italiennes, que l'on songe à Tenebrarum De Principio, Blaze
Of Sorrow ou Abhor, pour ne citer que trois exemples, par ailleurs très
différents les uns des autres, de cette identité occulte que le soleil
méditerranéen n'a curieusement jamais empêché de se développer. S'il sonne
d'une manière extrêmement mélodique, Imago Mortis sait pourtant toujours
capter, à sa façon épique et crépusculaire, ce feeling ténébreux auquel le
recours à des paroles chantées en italien, confère un charme très particulier
en même temps qu'une espèce de patine séculaire, comme un mal venu du fond des
âges et de la nuit. Selon son habitude, le groupe déroule un menu fait de longues
complaintes tutoyant les dix minutes au compteur. Cela pourrait être ennuyeux
et sombrer dans une lenteur suicidaire or ce n'est jamais le cas, qualité que
ces compositions aux allures de funestes rituels, tirent autant d'une prise de
son crue sans l'être trop que d'une interprétation impeccable et d'une
architecture sinueuse, reptilienne dont les racines sont ces guitares
tranchantes, scalpels labourant la peau mais néanmoins entêtantes
('Oltretomba'). Imprimant un tempo souvent rapide, les Italiens savent
heureusement serrer le frein à main, ce qu'illustre 'Per Chi Ga Renega La
Feede', monumentale amorce qui place d'entrée de jeu la barre très haut que les
titres suivants ne surpasseront jamais vraiment, même si 'Hodie Mihi Cras
Tibi', lequel trempe dans cet humus burzumien si cher aux Italiens, incarne un
autre sommet de cet album tout du long superbe de noirceur, car nimbé de
froides ambiances nocturnes, à l'image de cette silhouette encapuchonnée errant
dans un cimetière brumeux... 3,5/5 (2015)
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