En quelques mots : A première vue, "Breezy"
reste une œuvre à part dans la carrière de Clint Eastwood. Le sujet, l’histoire d’amour entre un homme vieillissant et une jeune hippie,
semble très éloignée de son univers. Pourtant, après analyse, il est évident
qu’il s’inscrit parfaitement dans la thématique de son auteur. "Breezy" constitue la troisième mise en scène de Clint Eastwood, après Un
frisson dans la nuit et L’homme des hautes plaines. En trois films,
il prouve déjà sa curiosité pour toutes sortes de sujets, et démontre qu’il est
un artiste complet qui ne laissera jamais enfermer dans un seul type de cinéma, Habitué à l’action,
Eastwood surprend agréablement en livrant une œuvre empreinte de tact, de
pudeur et de tendresse, notamment durant les scènes d’amour entre Frank et
Breezy. Le cinéaste est aussi aidé, il est vrai, par deux acteurs en tout point
remarquables. William Holden campe avec talent et sobriété cet homme
vieillissant qui, malgré les qu’en-dira-t-on, décide de vivre pleinement cette
ultime chance de bonheur. Clint aurait aimé interpréter ce rôle, mais il y
renonça, se jugeant trop jeune. En dépit des années et d’une vie faite d’excès
éthyliques, Holden reste séduisant et demeure toujours à l’aise dans la peau
d’un cynique. Sa partenaire, Kay Lenz, est alors inconnue et, malheureusement,
le restera plus ou moins, n’ayant pas su (pu) confirmer cette prestation digne
d’éloge. Toujours est-il, qu’elle confère charme
et fraîcheur à cette histoire et s’accorde parfaitement avec le jeu minéral de
William Holden. "Breezy" conte la régénérescence d’un cynique à travers une vision très
libérale de l’Amérique contemporaine.. Eastwood dépeint avec beaucoup de
justesse la vie de cet homme victime du regard d’autrui et de la soi-disant
bonne moralité d’une société formatée et hypocrite. En cela, le film n’est sans
évoquer "Sur la route de Madison", qu’il réalisera bien plus tard et dans
lequel on trouve à nouveau un couple vivant, comme Frank Harmon, une dernière
histoire d’amour au sein d’une petite ville critiquant non plus la différence
d’âge mais l’adultère. "Breezy" nourrit également des points communs avec "Un
frisson dans la nuit" (même scénariste, Jo Heims, et même ambiance parfois
psychédélique et bucolique, notamment lorsque le couple se promène sur la
plage) et, d’une manière certes moins évidente que les deux premiers, avec "Million
Dollar Baby" qui met en scène une femme, laquelle, à l’instar de la jeune
hippie s’attache à un homme plus vieux quelle, prénommé aussi Frankie. Malgré ses
qualités, ce très joli film, le plus méconnu peut-être du cinéaste, connaît un
échec critique et commercial. Avec le recul, il s'agit pourtant de l'une de ses plus grandes réussites.
Chez Zone-Téléchargement
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