15 mai 2016

Clint Eastwood | Breezy (1973)



                                   

En quelques motsA première vue, "Breezy" reste une œuvre à part dans la carrière de Clint Eastwood. Le sujet, l’histoire d’amour entre un homme vieillissant et une jeune hippie, semble très éloignée de son univers. Pourtant, après analyse, il est évident qu’il s’inscrit parfaitement dans la thématique de son auteur. "Breezy" constitue la troisième mise en scène de Clint Eastwood, après Un frisson dans la nuit et L’homme des hautes plaines. En trois films, il prouve déjà sa curiosité pour toutes sortes de sujets, et démontre qu’il est un artiste complet qui ne laissera jamais enfermer dans un seul type de cinéma, Habitué à l’action, Eastwood surprend agréablement en livrant une œuvre empreinte de tact, de pudeur et de tendresse, notamment durant les scènes d’amour entre Frank et Breezy. Le cinéaste est aussi aidé, il est vrai, par deux acteurs en tout point remarquables. William Holden campe avec talent et sobriété cet homme vieillissant qui, malgré les qu’en-dira-t-on, décide de vivre pleinement cette ultime chance de bonheur. Clint aurait aimé interpréter ce rôle, mais il y renonça, se jugeant trop jeune. En dépit des années et d’une vie faite d’excès éthyliques, Holden reste séduisant et demeure toujours à l’aise dans la peau d’un cynique. Sa partenaire, Kay Lenz, est alors inconnue et, malheureusement, le restera plus ou moins, n’ayant pas su (pu) confirmer cette prestation digne d’éloge. Toujours est-il, qu’elle confère charme et fraîcheur à cette histoire et s’accorde parfaitement avec le jeu minéral de William Holden. "Breezy" conte la régénérescence d’un cynique à travers une vision très libérale de l’Amérique contemporaine.. Eastwood dépeint avec beaucoup de justesse la vie de cet homme victime du regard d’autrui et de la soi-disant bonne moralité d’une société formatée et hypocrite. En cela, le film n’est sans évoquer "Sur la route de Madison", qu’il réalisera bien plus tard et dans lequel on trouve à nouveau un couple vivant, comme Frank Harmon, une dernière histoire d’amour au sein d’une petite ville critiquant non plus la différence d’âge mais l’adultère. "Breezy" nourrit également des points communs avec "Un frisson dans la nuit" (même scénariste, Jo Heims, et même ambiance parfois psychédélique et bucolique, notamment lorsque le couple se promène sur la plage) et, d’une manière certes moins évidente que les deux premiers, avec "Million Dollar Baby" qui met en scène une femme, laquelle, à l’instar de la jeune hippie s’attache à un homme plus vieux quelle, prénommé aussi Frankie. Malgré ses qualités, ce très joli film, le plus méconnu peut-être du cinéaste, connaît un échec critique et commercial. Avec le recul, il s'agit pourtant de l'une de ses plus grandes réussites.


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