20 mai 2016

A lire | Abstracter / Dark Circles - Split (2016)


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Pas moins de six labels situés des deux côtés de l'Atlantique, ont allié leurs forces pour éditer cette union nord-américaine entre Dark Circles et Abstracter, Sentient Ruins Laboratories pour la version digitale et Halo Of Flies, L'Oeil du Tigre, Sick Man Getting Sick, Moment Of Collapse et Shove Records pour le vinyle. Beaucoup de monde pour un split dont l'aura modeste est inversement proportionnelle à sa valeur. Quoique complémentaires dans l'expression d'une violence organique, les deux protagonistes n'en demeurent pas moins très différents l'un de l'autre.
Quand l'un, Dark Circles, a tout fait lui-même y compris l'artwork, œuvre de son bassiste de chanteur, Chris Goldsmith, l'autre a fait appel à Greg Wilkinson, notamment réputé pour avoir bossé avec Graves At Sea ou Vastum, pour l'enregistrement et le mixage. Là où le premier éjacule sa semence à la vitesse d'un ado en pleine crise de puberté, le second déploie de longs et noueux tentacules, fidèles en cela à ses robustes habitudes. Chacun façonne à sa manière, apocalyptique et viscérale, un substrat composé de roches Hardcore et de sédiments black metal. D'un côté, Dark Circles crache quatre cartouches qui s'enchaînent dans un fracas de guitares hurlantes et de vocalises colériques, saillies gonflées d'un fiel visqueux aux confins d'un Crust épileptique. Mais plus qu'un 'Ashen' ultra rapide (une minute trente-cing secondes, montre en main !) tendu comme le foc d'un navire, on préfère lorsque le groupe brise sa cadence débridée, sans pour autant mettre en jachère sa négativité minérale, perforant alors sa carapace survoltée à coups de breaks lancinants ('Isolate') ou telluriques ('Void'), jusqu'à cette plainte instrumentale qui stoppe d'un coup brutal cette cascade de haine et dont les émanations ambient s'étirent en une brume aussi fantomatique que sinistre. De l'autre côté, Abstracter confirme en deux monolithes suffocants tout le bien qu'on pense de lui depuis son "Tomb Of Feathers" mortifère. Fouillant les chairs meurtries d'un Blackened Sludge doom ultra massif, les Américains ouvrent les vannes d'une décrépitude jusqu'au-boutiste, sculptant dans un sol cendreux des instants tendus et pétrifiés jusqu'au bord de la rupture, à l'image de ce 'Barathrum' qui libère des ondes sismiques aux allures de funestes coups de pilon. Spéléologues qui s'abîment dans les profondeurs de vertigineuses fosses marines, ils prennent leur temps pour distiller des atmosphères d'une inexorable douleur. Ainsi, 'Where All Pain Converges' épouse les traits pesants d'un monstre dont la turgescence se dresse dans une nuit de fin du monde. Sa peau creusée de cratères suinte un désespoir mêlé d'une froide colère. Si le rythme s'échauffe parfois, le tempo s'embourbe le plus souvent au fond d'un charnier terreux. Deux groupes, deux faces d'un même bloc insane. 3.5/5 (20/05/2016)






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