En quelques mots : Première
réalisation de Clint Eastwood, "Un frisson dans la nuit" revêt donc une
grande importance dans la carrière du cinéaste. Après avoir fondé sa société de
production, la Malpaso, il décide de passer derrière la caméra, évolution
logique, déjà entreprise par des acteurs tels que Burt Lancaster ou John Wayne.
Malgré les
succès précédents du comédien, le projet n’est pas simple à monter. Le scénario
de Jo Heims, basée sur une histoire vraie bien que moins dramatique,
l’intéresse très vite, mais la Universal hésite à lui confier la mise en scène.
Finalement, Eastwood accepte de ne pas être payé en tant que réalisateur. Contre
toute attente Un frisson dans la nuit se révèle être un grand succès à
sa sortie. Il faut dire
que, selon l’expression consacrée, pour un coup d’essai c’est un coup de
maître. Clint Eastwood livre déjà une œuvre parfaitement maîtrisée, s’appuyant
il est vrai sur un très solide scénario. Le récit est habilement conduit et
c’est peu à peu que l’on se rend compte de la folie qui ronge Evelyn. "Play Misty For Me" offre un
suspense qui monte crescendo pour aboutir à un final lorgnant vers le film
d’horreur. Intelligemment, Clint joue avec son image. Il n’est pas l’homme
fort, l’être invincible qu’il campait jusqu’alors. Dave Garver n’est qu’un
disc-jockey dragueur, victime d’une femme possessive, à la jalousie extrême, ne
cessant de le harceler et superbement interprétée par Jessica Walter que Clint
avait repéré dans Le groupe de Sidney Lumet et qu’il préféra à Lee
Remick. Le film offre un rôle féminin très fort, qui l’est d’autant plus qu’il
forme un bon contraste avec celui de Toby, joué par Donna Mills. "Un frisson dans
la nuit" porte la marque de l’époque à laquelle il a été
tourné : libération sexuelle et passages bucoliques où Dave et Toby se
baladent au bord de la mer et font l’amour dans la nature après s’être
embrassés tout nus dans une cascade. Clint Easwood impose aussi sa griffe au
film, par sa mise en scène efficace et par l’importance de la musique. L’acteur
passionné depuis toujours par le jazz et le blues, a inséré de remarquables
séquences filmées au Monterey Pop Festival et la bande-son s’avère, comme
souvent avec lui, de grande qualité. Il impose déjà, dès sa première
réalisation, sa méthode si particulière et qui a fait sa renommée : petit
budget, tournage rapide, souci du réalisme et du naturel qui passe par le choix
de décors authentiques (à Carmel, son fief), d’un éclairage non artificiel…Il
privilégie l’instinct et la spontanéité, à l’image de sa direction d’acteurs. Bref, un bon premier film malgré quelques maladresses et facilités.
Chez Zone-Téléchargement
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