C'est sans doute un tort mais Convulse ne nous
a jamais vraiment intéressé ni au début des années 90 lorsque le séminal
« World Without God » faisait de lui, avec Funebre un des pionniers du Death Metal
finlandais ni depuis sa reformation en 2012 après une mise en sommeil longue de
dix-huit ans, résurrection scellée par « Evil Prevails », troisième
méfait robuste quoique trop linéaire. Par conséquent, nous n'attendions rien de
plus de la part de « Cycle Of Revenge » que ce bon vieux metal qui
fait peur, guttural, la peau épaisse et au doux parfum de chair en
décomposition. La (bonne) surprise n'en est que plus grande car nous ne
l'avions pas vu arriver. Mais que s'est-il donc passé en deux ans chez Convulse
qui du coup porte maintenant assez mal son nom ? En effet et alors qu'aucun changement
n'a eu lieu en son sein en terme de ressources humaines, le groupe paraît
s'être (presque) métamorphosé, troquant ses traits baveux pour un fuselage étonnamment mélodique. Certains vieux
cons ne manqueront sans doute pas de râler, préférant le sang au sirop, nous pas (toujours). Bien au contraire pour la simple et bonne raison que ce
polissage se conjugue à une inspiration plus que jamais au garde-à-vous. Toujours finlandais dans l'âme, le
quatuor n'est même parfois pas loin de braconner sur les terres d'un Amorphis
qui aurait toutefois absorbé du Valium par boîte de douze, patronage d'entrée
de jeu confirmé par le titre éponyme qu'irriguent des lignes
de guitares que ne renierait pas Esa Holopainen. Fil d'Ariane racé et
majestueux, la six-corde se taille tout du long la part du lion, irradiant
chaque morceau d'une beauté lumineuse, tels que 'God Is You' et surtout 'Nature
Of Humankind', percé d'éruptions orgasmiques, quand bien même demeure ce socle
extrêmement lourd, terreux dont se nourrissent autant un chant rocailleux d'une
profondeur abyssale qui vomit ses boyaux, que cette batterie aux roulements de
toms dignes d'un bulldozer ('Fractured Pieces'), seuls véritables oripeaux d'un
Death Metal d'outre-tombe. Si, positionnés en fin de parcours, 'Ever Flowing
Stream' et 'War' envoient le petit bois sur un mode mineur, la qualité de
« Cycle Of Revenge » n'en souffre pas, lequel s'impose tout simplement
comme le meilleur album de Convulse à ce jour, et de loin. Reste à savoir si
celui-ci décidera de poursuivre dans cette voie qui lui sied plutôt bien, le
voyant combiner avec une
jouissive efficacité, aplats rugueux et accroche mélodique. (2016)
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