On ne peut pas dire que Possession ait chômé
depuis qu'il a vu la nuit en 2012. Une démo tape, un EP et un split ont coulé
sous les ponts en l'espace de deux ans et c'est aujourd'hui avec une nouvelle
offrande de 25 minutes au jus que les Belges repointent leur dard démoniaque.
S'il ne s'agit pas encore de leur premier véritable méfait longue durée, cette
nouvelle rondelle, baptisée 1585-1646, n'est pourtant pas à négliger et ce, au
moins pour deux raisons. La première réside dans sa nature même en ce sens qu'elle
est bâtie autour d'un seul et unique thème, la vie d'Adrienne d'Heur, qui fut
jugée et condamnée au bûcher pour sorcellerie, sombre récit qui colle
idéalement à l'imagerie occulte et médiévale que cherchent à développer les
Belges, lesquels confirment, après Annaliese, ce goût pour l'histoire dans ce
qu'elle a de moins avouable. La seconde tient au groupe lui-même, soit une des
hordes parmi les plus Evil et donc les plus excitantes surgies ces derniers
temps, architecte d'un Black Death survolté. Avec une vicieuse jubilation, on
croise donc sur cette hostie tout ce qu'on a tant apprécié sur des deux
devancières, cet art noir extrêmement cru, bouillonnant d'un fiel visqueux, qui
trouve dans les visuels du légendaire Chris Moyen son illustration la plus
saisissante. Pour autant, loin des blasphémateurs bas du front auxquels il
pourrait être tentant de le raccrocher, Possession fait montre d'une finesse
sinon d'une ambition insoupçonnée. Le fait qu'il ose se frotter à l'exercice O
combien ardue de la longue suite divisée en plusieurs parties, comme il le fait
avec 'Obscurity / Visitation', illustre cette maturité déjà acquise. En l'espace
de 9 minutes, les Belges érigent un retable en trois volets, d'abord seulement
habité par le bruit du vent et de la pluie auquel viennent ensuite se greffer des
chants liturgiques sur fond de glas qui sonne. Puis le titre est lancé avec
cette guitare qui tricote des instants pétrifiés. Le chant ne surgit qu'en fin
de parcours, la cadence s'emballe, les traits se font plus agressifs avec ses
riffs féroces, morsures venimeuses qui labourent les chairs à vif. Suivent
trois saillies bouillonnantes de
fiel dans la lignée de His Best Deceit et Annaliese, dont
la brutale vélocité est perforée par des breaks rampants presque Thrash
('Ablaze'). Rien à dire donc, Possession fait justement ce qu'il sait faire.
Mais on attend toujours un vrai premier album qui devrait très
mal ! (2015)
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