Depuis deux ans, incapable de retenir bien
longtemps sa funèbre semence qu'il a généreuse, Hangsvart ne cesse de
multiplier les offrandes par l'entremise d'une foultitude de projets, qu'il
anime seul (Absymal Growls Of Despair) ou avec d'autres créatures (in)humaines
(Ancient Lament, Arrant Saudade, Catacombed), autant de bandes son mortifères
où l'homme rumine son mal-être, son désespoir qui semble sans fin tel un
gouffre abyssal. S'il est bien sûr permis de s'interroger sur l'utilité pour un
même artiste de se disperser de la sorte, la raison saute pourtant aux oreilles
car outre le fait que le Doom, quelque soit sa définition, reste un genre plus
proche de la profession de foi que de la simple musique, expliquant déjà ce
besoin impérieux de le forer sans cesse, tous ces groupes ( ?) possèdent
une personnalité qui leur est propre, quand bien même ils prolifèrent sur un
terreau morbide et suicidaire quasi identique, entre Funeral Doom et Drone
ténébreux. Plagueprayer est son dernier rejeton (en date), à peine monté et
déjà géniteur d'un premier méfait. Cet éponyme s'enfonce dans les abîmes de
l'indicible le plus opaque. Parler de doom à son endroit paraît presque absurde
tant sa lenteur aussi pétrifiée qu'inexorable, son absence de chaleur sinon de vie, l'entraînent dans les ténèbres de l'Ambient. Tyranny et plus encore
les travaux de Stijn Van Cauter, avec Until Death Overtakes Me notamment, ne
sont parfois pas très loin de cet opus aux allures de
bathyscaphe inquiétant. Un souffle désincarné gronde tout du long, figeant ses
plaintes dans une stature de sinistres gisants. Celles-ci, masse abyssale aux
contours flous d'où jaillissent à intervalles irréguliers des gargouillis
écorchés et monstrueux, semblent ne jamais vouloir mourir, se dilatant dans une
immensité obscure. L'encéphalogramme pétrifié, ces lentes et longues
macérations vibrent sous les assauts telluriques de guitares Drone que
soulignent des nappes de claviers effrayants qui résonnent comme un
irrésistible appel des limbes. Capable
d'avaler toute trace de lumière, de phagocyter tout l'espace environnant, cet
opus, presque autarcique dans son expression funèbre, a quelque chose d'une
immersion infinie dans les glaciales et silencieuses profondeurs des Fosses
Marianne... Sans aucun espoir de retour. Funeral Doom aux confins de l'Ambient
le plus charbonneux, Plagueprayer confirme la dévotion de son créateur pour un
genre aussi austère que puissamment évocateur d'images terrifiantes. (2015)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire