2 janvier 2016

Plagueprayer | Plagueprayer (2015)


Depuis deux ans, incapable de retenir bien longtemps sa funèbre semence qu'il a généreuse, Hangsvart ne cesse de multiplier les offrandes par l'entremise d'une foultitude de projets, qu'il anime seul (Absymal Growls Of Despair) ou avec d'autres créatures (in)humaines (Ancient Lament, Arrant Saudade, Catacombed), autant de bandes son mortifères où l'homme rumine son mal-être, son désespoir qui semble sans fin tel un gouffre abyssal. S'il est bien sûr permis de s'interroger sur l'utilité pour un même artiste de se disperser de la sorte, la raison saute pourtant aux oreilles car outre le fait que le Doom, quelque soit sa définition, reste un genre plus proche de la profession de foi que de la simple musique, expliquant déjà ce besoin impérieux de le forer sans cesse, tous ces groupes ( ?) possèdent une personnalité qui leur est propre, quand bien même ils prolifèrent sur un terreau morbide et suicidaire quasi identique, entre Funeral Doom et Drone ténébreux. Plagueprayer est son dernier rejeton (en date), à peine monté et déjà géniteur d'un premier méfait. Cet éponyme s'enfonce dans les abîmes de l'indicible le plus opaque. Parler de doom à son endroit paraît presque absurde tant sa lenteur aussi pétrifiée qu'inexorable, son absence de chaleur sinon de vie, l'entraînent dans les ténèbres de l'Ambient. Tyranny et plus encore les travaux de Stijn Van Cauter, avec Until Death Overtakes Me notamment, ne sont parfois pas très loin de cet opus aux allures de bathyscaphe inquiétant. Un souffle désincarné gronde tout du long, figeant ses plaintes dans une stature de sinistres gisants. Celles-ci, masse abyssale aux contours flous d'où jaillissent à intervalles irréguliers des gargouillis écorchés et monstrueux, semblent ne jamais vouloir mourir, se dilatant dans une immensité obscure. L'encéphalogramme pétrifié, ces lentes et longues macérations vibrent sous les assauts telluriques de guitares Drone que soulignent des nappes de claviers effrayants qui résonnent comme un irrésistible appel des limbes. Capable d'avaler toute trace de lumière, de phagocyter tout l'espace environnant, cet opus, presque autarcique dans son expression funèbre, a quelque chose d'une immersion infinie dans les glaciales et silencieuses profondeurs des Fosses Marianne... Sans aucun espoir de retour. Funeral Doom aux confins de l'Ambient le plus charbonneux, Plagueprayer confirme la dévotion de son créateur pour un genre aussi austère que puissamment évocateur d'images terrifiantes. (2015)

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