Il y a quelque chose de pourri, de malsain,
dans le royaume de Olddwvrms. Nombreux sont ceux à annoncer fièrement la
couleur (noire), à affirmer être plus lourds que le voisin, plus méchants, plus
evil. Plus dégueulasses aussi. Mais peu le sont vraiment. Ces Belges, si. La
simple vision de la pochette de NØT, leur second méfait édité au format de la
bonne vieille cassette, suffit déjà à distiller un malaise, à poser un cadre
qu'on devine étouffant, vicié. En un mot comme en cent : occulte. Là
encore, la sorcellerie est à la mode mais on sent que le groupe ne feint pas,
trempant son dard qu'il a pesant et épais, dans une obscurité crasseuse. Dans
le sillage d'un Grey Widow, dont il se distingue toutefois par des traits
plus granitiques, Olddwvrms fait copuler le Sludge le plus bestial avec un
Black Metal viscéral. Le fruit de ces monstrueux ébats se présente sous la
forme d'une créature malfaisante qui macère dans des immondices aux remugles
fétides. Avec en sus cette froideur austère qu'arborent souvent les serviteurs
de la crypte belge. Certes vendu comme un EP quatre titres, NØT du haut de ses
27 minutes au jus n'en reste pas moins terrifiant. Tout est mis en œuvre pour
ouvrir les vannes d'une noirceur aussi intense qu'explosive, entre un chanteur
qui vomit ses tripes à chaque parole prononcée et une rythmique coulée dans le
ciment. Tendues comme verge gonflée d'un stupre corrosif, ces quatre rituels
charrient une haine boueuse et un mal-être d'une sournoise âpreté. Et quand les
gars serrent le frein à main et appuient sur l'interrupteur, redoublant alors
d'une sourde brutalité, ce sont les abysses qui écartent leurs lèvres pour
aspirer toute trace de vie et de lumière. Pourtant, une espèce de beauté
vicieuse suinte de ses saillies aux allures de corridors creusés dans un asile
d'aliénés, grâce à de fugaces et salvateurs éclairs. Les guitares ferrugineuses
sont ainsi le réceptacle d'un désespoir profond ('Crawling Things') cependant
que de fragiles voix claires viennent quelque peu diluer cette violence cauchemardesque
et insondable. Dommage que l'écoute vienne mourir sur une piste instrumentale
aux portes de l'ambient aussi longue qu'inutile, quand bien même 'Erath', par
ses atours fantomatiques colle parfaitement à l'atmosphère déglinguée d'un opus
qui aime graviter au bord d'un gouffre sans fin. Rongé par une sève survoltée, NØT, quoique mineur, est comme un viol de tous les sens dont on ne sort pas
indemne. (2016)
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