Les (bonnes)
surprises sont toujours celles que l’on attend le moins. Parce qu’enfin,
qu’est-ce qu’on attendait de MasseMord, honnête petite horde noire qui a vu la
nuit en Pologne et déjà auteur de deux méfaits ? Certainement pas The Madness
Tongue Devouring Juices Of Livid Hope ! Coup de folie, coup de génie et un (très) bon coup car cette bande
musiciens dont la plupart animent aussi Furia (rien à avoir avec le groupe
français du même nom) n’a rien trouvé de mieux à faire que de tenter l’exercice ô combien casse-gueule de l’album se déployant à travers une seule et unique
piste. Bon après, ériger ce genre de construction n’est ni nouveau ni
difficile. Non ce qui l’est plus en revanche, consiste à écrire un BON titre.
Avec ses modestes talents, MasseMord réussit ainsi là où d’autres plus réputés
se plantent dans les grandes largueurs. En un peu plus de trente minutes
(forcément) répétitives mais pas trop, c’est un monstre hallucinant qui dresse
peu à peu une hampe noire, implacable, pesante, gonflée du fluide maladif que
suinte le chant râpeux de Namtar. Pareil à une brume inquiétante, la piste
s’élève tout doucement, tout d’abord guidée par un riff au goût de rouille. Le
rythme est lourd, hypnotique presque. Puis la voix surgit soudain. Le climat
est malsain, la tension est palpable. Les claviers, discrets mais essentiels,
tapissent d’un verni étrange qui paraît provenir de très loin cette longue
composition dont la colonne vertébrale repose sur cette guitare dissonante et
ce mouvement de batterie métronomique auxquels viennent se greffer des motifs
successifs. Passé une lente partie instrumentale qui confine à une forme de
transe qui répand une gangrène lépreuse, le titre poursuit sa route vers un
horizon de cendres dont on sent bien que seul le néant peut se matérialiser à
la fin de cette course en avant. De plus en plus noir, de plus en plus
désespéré The Madness Tongue Devouring Juices Of Livid Hope s’abîme
progressivement au fond d’un charnier. Les lignes de guitare poisseuses y sont
comme une vigie funeste. Parvenue enfin au bout de son parcours, cette
complainte d’un Black Metal lancinant plus mélancolique que suicidaire, l’impression
que celle-ci aurait pu s’étirer encore davantage s’impose. MasseMord pousse à
son paroxysme cet art du scalpel qui tournoie et racle les chairs à l’infini,
ce faisant entre d'un coup dans la cour des grands. Sera-t-il faire aussi bien
par la suite ? (2010)
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