Etonnamment
(ou non), c'est peut-être bien au Portugal que survit encore l'esprit du Black
metal originel, terre écartelée entre soleil et noirceur où pullulent les
hordes obscures qui semblent ne faire qu'une avec la nuit. Dolentia n'est pas
seulement l'une d'entre elles, il s'agit surtout d'un des prêtres les plus
inspirés de cette chapelle lusitanienne dont il symbolise parfaitement le credo
d'une froide cruauté. Après trois années de silence, qu'un solitaire petit 7' (un live qui plus est)
partagé avec son compatriote Satanize a brisé, l'entité est enfin de retour,
offrant un successeur au séminal "Sob A Egide Das Sombras". Avec sa
quarantaine de minutes au jus, toutefois rallongée d'un bon quart d'heure dans
sa version CD, ce second méfait palpite d'une intensité cryptique qui jamais ne
débande, il arbore une pureté de traits comme de ton qui fait de lui un gemme
noir, brillant d'un éclat sinistre qu'aucun kyste ni artifice ne viennent à
aucun moment diluer. Prise de son primitive bien que toujours tranchante, loin
de la bouillie sonore souvent de rigueur dans le True Black derrière laquelle
aiment à se planquer les médiocres - ce qui n'est donc pas le cas de Dolentia
dont les membres et notamment l'ancien cogneur d'Inthyflesh ne pataugent jamais
dans la semoule - et accordage grésillant définissent un art aux lignes
décharnées. En dépit de leur (relative) longueur, ces pulsations ne sont ni
paresseuses ni léthargiques, ainsi à des années-lumière d'un art noir dépressif
dont elles épousent cependant la sombre aura, galopant au contraire à une cadence
démoniaque, quand bien même les mid-tempos n'effraient pas les Portugais,
témoins la lancinante partie médiane déchirant 'A Noite' ou le break cisaillant
l'inaugural et monumental 'Voragem', sans doute le meilleur titre du lot. Reste
que c'est en dressant une verge dure et véloce que Dolentia se montre le plus
impérial. Là réside son identité, agressive et glaciale, fielleuse et survoltée
mais néanmoins obsédante. Oeuvre
profondément crépusculaire, "Iniciaçao Eversiva" rassemble six
plaintes dont une piste instrumentale à mi-parcours, en un retable maléfique
d'où émane une absolue négativité comme venue du fond des âges. Ce faisant,
l'opus témoigne de cette semence evil et terrifiante qui coule dans les veines
de ses géniteurs. Bref, on tient là encore une fois, une grande offrande d'un
Black Metal d'une admirable authenticité. (2015)
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