23 décembre 2015

Brutus | Behind The Mountains (2013)


Si son nom peut faire sourire, pour qui connaît l'histoire romaine, Brutus ne plaisante pourtant pas vraiment, auteur d'emblée d'un premier jet plus proche du sans-fautes que du brouillon que sa jeunesse pouvait laisser craindre de prime abord (ou pas). Sa pochette colorée et donc bien psyché sur les bords annonce un énième album de Stoner Rock nourri aux grains des seventies, scandinave de préférence, Svart Records oblige, Behind The Mountains n'est pourtant l'oeuvre ni de Suédois ni de Finlandais mais de Norvégiens, ce qui est plus surprenant, le revival Heavy Rock ayant davantage pour épicentre ses deux voisins septentrionaux que la terre noire du Black Metal ! Ne serait-ce - peut-être - cette inspiration granitique vaguement décelable dans le titre de l'album, rien ne saurait toutefois distinguer Brutus, qu'il ne faut pas confondre avec son presque homonyme Bretus, des Horisont et autre Troubled Horse qui pullulent actuellement, faisant le bonheur des nostalgiques de cette vibe '70, de cette patine chaude et ruisselante de feeling comme une chatte après d'habiles préliminaires. Chant voilé qui sent autant sous les bras que la bière, guitare bluesy mais accérée façon Ritchie Blackmore (écouter le solo perforant "Personal Riot" et vous comprendrez !), rythmique pépère bien que dégorgeant de groove : telle est la recette, immuable, mais O combien savoureuse. Et dont on ne se lasse pas ! Surtout quand elle mijote avec un tel talent, une telle aisance. Les principales différences entre tous ces groupes nous inondant les pavillons résident finalement dans la dose de blues qu'ils injectent à leurs compos et dans une influence qui hésite entre le Black Sabbath originel et Deep Purple. Quoiqu'ils en disent, les Norvégiens lorgnent vers davantage vers le second. C'est très bien.  Précédé par le single Personal Riot, Behind The Mountains éclabousse d'effluves psyché, cr   ache un jet bluesy typique du proto-hard rock de la fin des années 60 ("Crystal Parot"). De fait, Brutus, malgré son nom, mise moins sur la puissance que la rondeur velouté d'une musique accrocheuse dont l'apparente simplicité cache en réalité une écriture au cordeau, riche d'ambiances duveteuses. Le temps du lent et lourd "Reflections", voyage nappé d'orgue Hammond aux multiples aplats, le groupe trempe son pinceau dans des teintes plus sombres qui lui réussissent bien, jusqu'aux dernières mesures où la cadence s'emballe en un final aux couleurs d'un pourpre profond délicieux. Chaque titre a des allures d'hymnes, de "The Witches Remains", amorce imparable à "Can't Help Wondering Why", perle bigarrée elle aussi source de solis enlevés gorgés de ce feeling à Johnny Winter. Encore un excellent groupe de la part d'un style dont on a l'impression qu'il ne peut totalement décevoir... (2013)


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