28 avril 2015

Pestilential Shadows | Ephemeral (2014)


Vaste territoire mais petite (par la taille) chapelle Black Metal, telle est l'Australie. Ce qui explique pourquoi ses prêtres ne cessent de se croiser au sein d'une foultitude de groupuscules. On comprend surtout mieux la qualité de ceux-ci, projets plus ou moins durables qu'animent de chevronnés mercenaires de l'art noir qui en connaissent et maîtrisent toutes les ficelles, tous les codes. Pestilential Shadows en constitue le parfait exemple, crypte ténébreuse entre les mains des dénommés Wraith (Nazxul, Nox Inferi) et Balam (Drowning The Light et beaucoup d'autres), qui ont vu défilé à leurs côtés à peu près tout ce qui rampe dans le Black Metal de New South Wales dont les anciens Austere, Sorrow et Desolate. Avec de tels gênes, le groupe ne peut vraiment décevoir, considéré à raison comme un des fleurons de la musique sombre venu des antipodes. Chacun de ses méfaits est une pierre supplémentaire à un édifice terrifiant, dressé dans les entrailles de l'enfer. Il y a trois ans, par sa crépusculaire démesure, Depths s'imposait presque comme un achèvement. Faire mieux, faire plus noir, semblait difficile, expliquant pourquoi son successeur était fortement attendu. Celui-ci irait-il encore plus loin ? Passé les préliminaires de rigueur ('Throes'), 'Mill Of Discord' n'apporte tout d'abord pas la réponse que nous espérions car, en dépit de premières mesures grésillantes à souhait, promesses d'un climat de désolation absolue, le titre, au demeurant réussi, ne s'abîme pas autant que prévu dans la noirceur charbonneuse rêvée, trop mélodique (?), trop rapide peut-être. Heureusement, 'Fragments" permet tout de suite après à Ephemeral d'emprunter la voie qu'on voulait tous lui voir prendre, celle d'un Black Metal d'une mortifère lancinance. Portée par des guitares aux allures de piliers cyclopéens, c'est une plainte aux ambiances suffocantes qui déroule ses tentacules, quand bien même, encore une fois, des kystes mélodiques qui prennent ici la forme de choeurs profonds, viennent lui ôter un peu de son abyssal éclat. C'est moins grave. Plus court, enrobé d'une armure implacable, 'Sorrow Of Tongues' se veut une marche supplémentaire vers les profondeurs de la caverne, saillie tumultueuse emportée par un torrent de soufre d'une mélancolie haineuse. Retour aux lignes immobiles et répétitives avec 'Hymn Of Isolation & Suicide', dont le nom sonne comme une profession de foi, et le morceau éponyme long de près de dix minutes, toutefois écartelé par une seconde partie plus vicieuse encore, dans sa manière d'alterner pans déchaînée et instants pétrifiés. Au final, Ephemeral est un  bon cru pour les Australiens, quoique légèrement inférieur à son aîné de trois ans... (2015)



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