Si vous êtes un fidèle de la chapelle Dark Sanctuary, alors Caithness ne doit pas vous être inconnu puisqu'il s'agit du projet solo de l'un de principaux artisans de son identité sonore, le claviériste Hylgariss. Etonnant parcours d'ailleurs de celui que le musicien suit depuis les années 90. Au départ, du black metal tendance NSBM (Winter Funeral, Kristalnacht...). A l'arrivée, un tertre somptueux entre dark ambient et marche funéraire. Crossing The land Of bereavement est le premier psaume de Caithness. Rarement, une oeuvre n'aura aussi bien su exprimer ce sentiment religieux, ce sens du Sacré. Ces nappes de claviers solennels et un chapelet de chants grégoriens (« Silent Water (Passage) ») suffisent à ériger cette cathédrale flageller par un rideau de pluie. Ces plaintes qui exsudent une tristesse sourde (« Loin de la lumière) ont quelque chose d’un chemin de croix au beau milieu d’un monde en ruine.. A la dérive. Une impression de fatalité tout chrétienne suinte de leurs pores. Recourant à tout un ensemble de sonorités, de couleurs auxquelles il nous avait déjà habitué avec Dark sanctuary (ces sons de cloches qui résonnent comme le glas sur « Crossing The Land Of Bevearement« ), qu’il enrichit d’une palette plus crépusculaire encore. Passé un accueil dans le temple (« Incipit), Crossing The Land Of Bereavement esquisse dans un brouillard d’ambiances sépulcrales une trajectoire sans pardon. Le dyptique « Ruins » témoigne de l’inexorabilité d’une trame sombre et désenchantée, symphonie d’un univers en bout de course, en perte de repères. Le second pan notamment atteint des sommets de douleur tragique, ressac d’une mélancolie infinie. Il y a une telle beauté qui jaillit de cet album que l’on ne peut que se sentir emporté par sa puissance d’évocation de paysages spirituels sombres et nihilistes. Quand s’échappent des claviers sentencieux du maître des lieux sur fonds de chœurs corsetés par le désespoir lors du terminal « Last Moments », lui aussi subdivisé en deux parties, appel définitif qui meurt en un murmure désolé, c’est toute une poésie tragique vierge d’une touche d’espoir qui se délie sur un tapi d’ambiances glaciales comme les pierres d’un église. Que dire de plus si ce n’est que Crossing The Land Of Bereavement marque un passage vers un ailleurs… Vers la mort ?
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