31 juillet 2009

KröniK | Yawning Sons - Ceremony To The Sunset (2009)




Encore une fois, l'étiquette dorée "feat. members of Kyuss, Queens Of The Stone Age, Desert Sessions" ne doit pas vous tromper. Certes Scott Reeder, puisque que c'est (notamment) de lui dont il s'agit, est bien de l'aventure mais il se contente de poser sa voix sur un des titres qui sont en réalité le fruit d'une rencontre, celle de l'américain Gary Arce, guitariste de Yawning Man et des anglais de Sons Of Alpha Centauri. De cette union, est donc né Yawning Sons (ça ne s'invente pas) qui enfante avec Ceremony To The Sunset son premier bébé, un bébé auquel on peut d'ors et déjà prédire un avenir radieux. En sept respirations à la croisée du post rock, du progressif des années 60 et 70 (le groupe mentionne parmi ses influences le Pink Floyd époque Syd Barrett, Tangerine Dream...) et du stoner psychédélique et enfumé, ce nouveau projet dessine un univers séduisant et déjà personnel. Cet album est à l'image de son écrin visuel : beau, limpide, pur et avec une certaine mélancolie sourde, une noirceur voilée. Crépusculaire et aérien à la fois donc. Les titres sont longs ; ils prennent leur temps pour se déployer, pour répandre leurs atmosphères, leurs couleurs. Ils ont quelque chose de voyages stratosphériques, planants et insaisissables. "Ghostship Deadwater", porte d'entrée entêtante idéale, illustre bien le style de Yawning Sons. Une longue exposition, esquissée par les guitares, puis un chant, féminin, celui de Wendy Rae Fowler que les amateurs de la famille Queens Of Stone Age/Mark Lanegan connaissent bien, une voix emplie d'une fébrilité étrange qui survole, flotte dans un espace aux contours évanescents. Mais loin des vocalistes habituellement de mises, elle trempe sa tessiture dans un vrai désespoir. Enfin, le titre meurt comme il a débuté. Le groupe aime les longs développements, les structures qui se délient lentement. Qu'il affectionne les trames instrumentales ne surprendra donc pas. "Tomahawk Watercress", "Westlands" et le grisant et somptueux "Japanese Garden" sont ainsi des pistes de décollage pour des guitares qui larguent les amarres de la terre, bien qu'elles soient chargées d'une tristesse lumineuse que la section rythmique qui les seconde ancre toutefois dans un sol aride. Enfin, des claviers aux relents psyché teintent le tout d'arrangements hypnotiques discrets mais essentiels. De fait, assurées par trois invités chacun chargé d'un morceau, les lignes vocales sont plus là pour accompagner les instruments que pour les guider et faire corps avec eux. Elles se révèlent pourtant superbes comme sur le fragile "Meadows", presque squelettique et minimaliste et lui aussi révélateur d'une identité qui préfère la suggestion à la démonstration. Chez Yawning Sons, rien n'est appuyé, tout est très légèrement souligné. Une justesse de touche, une sobriété, à l'instar aussi de "Garden Sessions III". Voilà une oeuvre envoûtante et cristalline, propice à l'introspection, une invitation au voyage, quel qu'il soit. (2009) ⍖⍖⍖

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