L’amélioration des techniques d’enregistrement a permis ces
dernières années l’émergence d’un nouveau type de groupe : le one man
band, lequel, comme son l’indique, n’est constitué que d’un seul musicien qui
telle une pieuvre, se charge de tous les instruments, calfeutré dans un home
studio. Pas de concerts mais une boulimie créatrice rendue possible par la
facilité désormais de pondre des disques à la chaîne. Le black metal pullule de
ce genre de formation. Xasthur, nouveau messie d’une scène black américaine
jusque là stérile et sans intérêt, est l’un d’entre eux, ce qui explique
pourquoi il peut multiplier depuis 5 ans albums, split (avec Leviathan, Nortt…)
et collaborations diverses (Twilight, Sunn O)))). Aussi bien inspirée du
doom que de Burzum, la musique vomie par Malefic reste inchangée depuis les
débuts du groupe ; elle se déploie sous la forme de longues et morbides
complaintes hypnotiques et suicidaires, à l’architecture parfois entièrement
instrumentale, d’une lenteur maladive (même si le tempo sait de temps à autre
se faire plus rapide, comme sur “ Reflecting Hateful Energy ”, déjà
présent sur The Funeral Of Being dans une version différente), portées par un
chant hurlé inaudible et une production crado garantie 100 % nécro. Bien
sûr, les morceaux ont l’air de tous se ressembler plus ou moins ;
mais loin du true black sans imagination régurgités par des opportunistes grimés
comme des pandas et prenant la pose dans une forêt enneigée, le caractère
répétitif des riffs et des titres finit par créer une sorte de transe qui vous
envoûte autant qu’elle vous engourdis. Les terribles “ Xasthur
Wihin ”, “ Screaming At Forgotten Fears ” et “ A Gate
Through Bloodstained Mirrors ” et ses 12 minutes d’agonie, sont comme un
venin qui s’insinue en vous et vous entraîne dans des limbes obscures sans
espoir de retour. Xasthur prouve à nouveau que l’on a toujours pas fait le
tour de ce courant musical qui, tant qu’il sera défendu par des esprits
intègres et talentueux, aura encore maintes richesses à nous offrir. 4/5 (2006)
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