Il y a des groupes comme ça, auxquels on a tout de suite envie de s’intéresser. Crystal Viper fait partie de ceux-ci. Pourquoi cela ? Parce qu’il propose une formule originale ? Pas vraiment. Non, tout simplement parce que les Polonais possèdent dans leur rang un atout de poids ( et de charme) : Leather Wych (!), dont le vrai nom est Martha Gabriel, également chanteuse au sein de Börn Again, nouveau projet qui a vu le jour l'an passé. Inutile de mentir, sans la présence de la jeune femme au physique aussi charmant que sa voix se révèle puissante, sa formation, aussi sympathique soit-elle, aurait-elle réussi aussi vite à faire parler d’elle et à signer un deal avec AFM ? C'est peu probable. Pour autant, un beau châssis ne fait pas tout, un peu de personnalité s’avère nécessaire voire indispensable. Or justement, sorte de croisement entre Doro et le Kai Hansen période Walls Of Jericho (le mimétisme est frappant), la belle étonne agréablement avec ses lignes vocales légèrement éraillées qui transpirent la testostérone par tous les pores. Ainsi, (heureusement) à des années-lumière de toutes ces Castafiore du dimanche, Martha rejoint les quelques femmes qui n’ont pas peur de se mesurer aux hommes sur leur propre terrain. Proche dans l'esprit d’une Veronica Freeman (Benedictum) et en cela héritière des 'metal queens' des années 80, elle apporte au Heavy Metal usiné par son groupe une incontestable fraîcheur sans laquelle celui-ci ne serait qu’un énième combo se contentant de reprendre à son compte une formule qui a fait les belles heures du Métal traditionnel teuton. Ceci dit, les Polonais n’ont pas chômé depuis leur naissance en 2003 puisque Legends est déjà leur troisième album en quatre ans, sans compter un live et deux collections de titres rares ou inédits. Le travail aussi finit par payer. S'ils n'inventent strictement rien, ils s'y entendent néanmoins pour mouliner un très bon Heavy épique biberonné à l’Heroïc Fantasy d'un Manilla Road mais musicalement plus proche du Helloween originel auquel on est bien obligé de penser. La voix, les riffs, tout y est. Un morceau tel que "Greed Is Blind" en témoigne. Si les premières écoutes ne laissent pas un souvenir impérissable, très vite pourtant, on se surprend par la suite à fredonner les mélodies très dynamiques de ces compositions certes téléphonées mais qui galopent à 100 à l'heure et font finalement un bien fou. De fait, comment résister à des brûlots de l’acabit de "Blood Of The Heroes", hymne speed tranchant, "Black Leviathan" qu’ouvrent des premières mesures très 'maideniennes', la power ballad "Sydonia Bork" où Martha démontre qu’elle ne sait pas que gueuler, sans oublier les plus lents "Goddess Of Death" au refrain mémorable, et "Secret Of The Black Water", basé sur des aplats assez lourds. Rien à jeter en définitive de la part de Crystal Viper dont la sincérité ne saurait être remise en cause et qui progresse d’album en album. Aucune prise de tête ici, Legends, à l'instar de ses prédécesseurs, mais en mieux toutefois, renoue avec la tradition allemande des eighties. Personne ne s'en plaindra. Et puis de toute façon, un groupe qui édite encore ses disques en version vinyle ne peut pas être mauvais... (cT10)
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