Une gangrène. Une maladie insidieuse qui vous ronge. Telle est l'image que renvoit l'art de la décrépitude que suinte Defaillance, duo de l'Est de la France congugant les esprits tourmentés de deux activistes de la scène black metal hexagonale, SELfm (Ulfang, While Sad Spirits Around Me Stroll) et Black-Wood-Majesty (Obscure Forêt, Unterwald, Eisiger Wald...).
Désemparé dans un monde agonisant est la première pierre tombale de se projet qui saigne l'underground par toutes ses veines. En une petite demie-heure seulement, ces quatre plaintes au souffle croupissant abîment un black metal dépressif dans un charnier abominablement noir. De ce trou sont répandues des vibrations d'une négativité absolue.
Tous les invariants du genre édicté malgré lui par Burzum sont alignés comme des pinces à linge sur un fil (voix aussi écorchées qu'hallucinées, tempo qui ne dépasse jamais la seconde, prise de son grésillante...) mais cette chapelle du suicide ne se jugent pas par rapport à l'originalité dont peuvent être capables ses artisans mais surtout par leur faculté à vomir avec sincérité des atmosphères sinistres et lancinantes. Defaillance y parvient avec un sens de la dépression qui confine au grandiose.
Ainsi, les dix minutes de "Ivresse" résonne comme un appel vers les limbes, un cri d'abandon vis à vis de la lèpre humaine. Une totale résignation. Pas de lutte, juste l'abandon de soi. Guidé par des riffs obsédants et pollués ("Une fin si proche"), ce linceul mortuaire vous engourdit autant qu'il s'insinue vicieusement en vous, dans vos tripes, dans votre âme. A trop écouter ces pulsations de mort, on risque de se perdre pour toujours. Il y a un tel un mal être (l'instrumental "Hors de ce monde"), une telle haine de la vie telle que l'homme la subie que Désemparé dans un monde agonisant accède à une forme de beauté souterraine et désespérée ("Oublié de tous") qui touche presque à la poésie mortifère. Les textes en français participent d'ailleurs de ce romantisme glacial et lugubre.
Une oeuvre certes trop courte mais néanmoins cohérente sans doute plus proche du doom funéraire que du pur black metal. Dans le genre, une des meilleure offrande entendue depuis longtemps. (cT2009)
TRACKLISTING
- Oublié de Tous 05:51
- Ivresse 10:00
- Une Fin si Proche 11:36
- Hors de ce Monde 03:37
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