23 mars 2010

KröniK | Svarti Loghin - Drifting Throught The Void (2010)




Encore peu connu, Svarti Loghin fait pourtant partie de cette nouvelle génération de groupes pour qui le black métal est avant tout le terreau propice à toutes les explorations. Pour ses membres, tous actifs depuis longtemps au sein de cette chapelle impie dont ils exaltent les forces sombres d'une manière orthodoxe avec Död ou Eldrit, le projet a quelque chose d'une échappée pour faire autre chose tout en conservant des attaches évidentes avec le giron maternel, notamment par le recours à des voix écorchées. Un premier essai, Empty World, théâtre d'un art noir évolutif plus psychédélique que simplement atmosphérique, a défini une signature singulière mais généreuse. Drifting Throught The Void va encore plus loin et peaufine encore davantage la personnalité du groupe qui teinte avec un sens de l'harmonie et de l'équilibre remarquable son black métal d'atours seventies dont il ravive l'essence et l'âme par un jeu de guitares chargé de feeling. La relecture fidèle du "Planet Caravan" de Black Sabbath suffit à déterminer quelle direction les Suédois privilégient. 

Parfois proche d'Austere, en moins dépressif toutefois, Svarti Loghin accouche de huit ondulations qui déploient leur trésor sur de longues durées. Elles sont des pistes de décollage au rythme lent, nimbées d'un voile mélancolique. Toute la réussite du groupe réside dans cette façon de marier des influences qui pourraient paraître sur le papier des plus disparates, mais qui une fois synthétisées aboutissent à une œuvre pleine de poésie. Ecoutez le surprenant "Drifting Throught The Void", qui commence comme une ballade folk à la Led Zeppelin époque III avant d'arborer des contours plus black, pour vous convaincre de l'inspiration de ces Suédois dont on n'attendait pas forcément grand chose eu égard à leur modeste palmarès respectif, et surtout pas de tels bijoux fins et touchants tels que "Kosmik Tohmet", "Odelagd Framtid", "Bury My Heart In These Starlit Waters" ou "Stargazer" qui, malheureusement, n'est pas une reprise de Rainbow comme cela aurait pu être le cas (ce qui aurait été intéressant) mais l'illustration parfaite de l'expression artistique dessinée par Svarti Loghin, alliant épure du riff, descente à la mine et modelés stratosphériques. Une (double) confirmation, celle que nous tenons bien là un groupe rare, et celle que le black métal est un genre protéiforme qui est loin d'avoir encore tout dit. Toutefois, de Empty World se dégageait un charme presque forestier qui ne se retrouve pas cette fois-ci. (2010)

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