2 mars 2010

KröniK | Ov Hell - The Underworld Regime (2010)




Souvenez-vous, c’était en 2007, les membres de Gorgoroth s’entre-déchiraient, querelle interne aboutissant à la situation absurde que l’on sait : deux Gorgoroth pour le prix d’un ! Or, si Infernus a finalement remporté la bataille juridique qui l’opposait à ses anciens compagnons, Gaahl et King, la déroute de son Quantos Possunt ad Satanitatem Trahunt démontre qu’il n’en va pas de même sur le terrain artistique. La balle est dans le camp de King et de son nouveau projet baptisé Ov Hell. Et autant l’affirmer d’entrée sans avoir à attendre la fin de cette chronique, c’est une victoire par KO dont peut s’enorgueillir le bassiste. Alors, bien entendu, on aurait préféré que le mercenaire de la quatre cordes s'impose avec God Seed, entité bicéphale finalement mort-née mise en route avec un Gaahl désormais en sommeil, plutôt qu'avec ce qu'il convient de définir comme un supergroupe (où l'on retrouve notamment le grand Frost à la batterie), dont la présence derrière le micro de Shagrath pouvait rebuter les détracteurs du black metal façon Dimmu Borgir. On avait tort. De fait The Underworld Regime devrait en surprendre pas mal car le chanteur arpente ici un caveau plus proche d'un Abbath (Immortal), soit bien âpre et rugueux, que de ses performances vocales avec son principal port d'attache. Abbath, parlons-en justement. En effet il y a beaucoup de I, le faux frère jumeau d'Immortal qui coule dans la sève de ce premier jet. Le fait que King et le guitariste Ice Dale  y aient participé n'est à ce titre sans doute pas anodin. 

La dimension épique et Bathory période Twilight Of The Gods en moins et un aspect abrupte en plus, The Underworld Regime noue donc de nombreux liens avec Between Two Worlds. Les deux partagent une même vision de l'art noir : une production claire et puissante, des compositions ciselées et parfaitement agencées, une brutalité contrôlée. Accessible donc mais pourvu d'arêtes tranchantes comme la glace. Si on ne saurait résumer Ov Hell à une photocopie de I, ce qu'il n'est du reste absolument pas, reconnaissons que c'est bien lorsqu'il se montre le plus majestueux qu'il prend toute sa mesure et ce faisant, se montre le plus impérial et flamboyant. "Hell Norge", que vrillent des secousses malsaines et les grandioses "Post Modern Sadist" et plus encore "Ghosting", théâtre d'un black metal obsédant aux ambiances pesantes et sinistres, en témoignent avec brio. Ice Dale y tisse des riffs qui ouvrent des percées sur des paysages de montagnes gelés par l'hiver. Plus commun  bien que très efficace s'avère être le reste de l'album. "Devil's Harlot", le seul peut-être où transperce une lointaine influence Dimmu Borgir, "Invokeri", déchiré par le fracas de guitares au goût de stupre noir, "Arts Of Sin" et ses coups de boutoir sans fin, arborent la face la plus sauvage des Norvégiens que l'on préfère lorsqu'ils sont davantage enclin à soigner les atmosphères. Baignant dans des relents blasphématoires peu à même d'effrayer quiconque si ce n'est quelques vieilles pucelles, The Underworld Regime prouve que le black metal peut toucher un large public sans mettre en jachère son essence diabolique. Du très bon travail, solide et sans bavures. Trop peut-être... (2010) ⍖⍖⍖

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