Malgré l’enterrement regrettable de Amesœurs, le travail de Fursy Teyssier reste néanmoins (pour l’instant) encore indissociable de celui de son ancien compagnon Neige et de son Alcest Les deux projets sont hébergés par l’écurie Prophecy, ils ont récemment partagé un split album ensemble et tous les deux offrent au même moment dans les bacs leurs nouvelles compositions. Beaucoup d’entre vous découvrirons surement Fursy Teyssier, artiste à la palette multiple, à la fois musicien, dessinateur et metteur en scène, avec Septembre et ses dernières pensées, premier essai longue durée des Discrets qu’il anime avec le batteur Winterhalter (Peste Noire) et A. Hadorn. Et c’est une bonne chose, de le découvrir. Précieux, ce projet s’il ne s’arrime pas à la mouvance black metal partage par contre avec Amesœurs cette influence shoegaze douce amer. En moins metal et plus stratosphérique. Il y a d’ailleurs beaucoup de ce groupe défunt dans ces chansons dont les mélodies servent de pinceau pour esquisser un spleen automnal magnifique.
Pourtant réduire Les discrets à cette parenté commode reviendrait à occulter une personnalité bien réelle et un charme qui l’est tout autant. Ce charme réside beaucoup dans cette fragilité dont est habillé le chant, en français, de Fursy. Celui-ci pourra sembler par moment maladroit. Mais c’est justement de cette maladresse que Septembre et ses dernières pensées acquiert une bonne part de son émotion et de son caractère touchant. Ecrites à l’encre d’une mélancolie légère, ces compositions naviguent entre plaintes squelettiques (l‘acoustique "Sur les quais", "Une matinée d‘hiver" ), échappées sombres et pluvieuses ( le tragique "Les feuilles de l‘olivier", d’une lourdeur évanescente , « Effet de nuit », peut-être le titre le plus metal du lot avec ses silhouettes chargées de désespoir et plus encore le crépusculaire "Chant d‘automne", coloré d’une seconde partie belle à en pleurer) et dérives obsédantes (« L’échappée », au souffle aérien, "Song For Mountains", dont le modelé arbore des lignes superbement douloureuses, et qui apparaissaient déjà sur le récent split ou bien "Svipdarg et Freyja"). Septembre et ses dernières pensées est de ces albums qui dévoilent son intimité chaleureuse qu’après des écoutes répétées. Sans cela, un auditeur distrait risque de passer à côté de cette œuvre désenchantée d’une beauté un peu triste. Bref, à l’image de ce mois de septembre annonciateur de l’automne… (2010) ⍖⍖⍖
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