Gravée en 2006, Erichthô, première et, pour l'instant encore, unique offrande d'Occultus, c'est tout le charme de la démo bricolée avec les moyens du bord, ce qui n'est pas forcément synonyme de son cradingue, et tirée à quelques exemplaires sous forme de bonnes vieilles cassettes des familles. On est black metal ou on ne l'est pas ! En vingt (trop) petites minutes, la horde, née des cendres de LatroDectus mais irriguée par le fluide créateur de Fëarann (Carnyx, Valuatir, Inis Gwenva) et Mesys (Inis Gwenva), taille dans le boyau d'un art noir à la Norvégienne, trois reptations absolument énormes, sises sur un socle pesant et implacable. Ils parviennent avec une puissance du feu de dieu (?) à imprimer un groove accrocheur à une cuirasse de fer et de sang. Ainsi, "Dreaming Inside the Knoll" est une forteresse qui draine des riffs obsédants, arcboutants d'un édifice mid tempo dans les arcanes duquel souffle un chant râpeux qui crache sa haine avec sincérité. Arrivé à mi-parcours, le rythme s'emballe pour atteindre un orgasme guerrier. Glacial comme la roche en hiver, le final renoue avec la sombre beauté du blizzard des Grands Anciens.
Secoué par des vibrations de guitares venimeuses, "Erichthô" ouvre lui aussi les vannes d'un black rampant qui laisse de profondes crevasses dans la peau. Plus rapide, bien que fissuré dans sa seconde partie, par un modelé plus reptilien, "Pile of Skulls" boucle l'écoute avec toujours autant d'assurance et une réussite insolente. Tranchant, il suinte une forme d'inexorabilité, d'abandon cryptique. Avec à la clé une question : comment se fait-il qu'un tel potentiel reste tapi dans les méandres de l'anonymat. Alors, certes, le pur black metal se doit de rester dans l'obscurité mais tout de même, Occultus a l'inspiration des plus grands et mérite mieux que cette faible notoriété. Désormais signé chez Drakkar, espérons qu'il pourra obtenir une place selon son talent, c'est-à-dire parmi les premières. Erichthô a donc tout du joyau méconnu, révélateur qui plus est du dynamisme de la scène extrême de Poitiers. Vingt minutes peut-être mais on tient pourtant là un des méfaits les plus réussis du black metal hexagonal. (2008) ⍖⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire