Les influences, c’est compliqué. Tout le monde en a, même les plus grands. Même Ritchie Blackmore, c’est dire. Mais toute la différence entre les génies et les suiveurs réside dans la faculté que possèdent les premiers à savoir digérer leurs influences pour au final enfanter une œuvre personnelle, contrairement aux seconds qui sont condamnés à rester prisonniers de la geôle de leur inspiration. Nonobstant de réelles qualités (sur lesquelles nous reviendrons), Daylight Dies intègre incontestablement le bataillon des suiveurs. Nous avions découvert les Américains en 2002 grâce à No Reply, excellente photocopie de Katatonia et les avions retrouvés quatre ans plus tard le temps d’un Dismantling Devotion en demi-teinte au goût prononcé d’Opeth. S’il renoue avec le niveau du premier opus, Lost To The Living est une manière de synthèse pour Daylight Dies. La majeure partie de son menu aurait donc pu sans mal se glisser sur No Reply, comme l’illustrent notamment les superbes « Cathedral » ou « A Portrait In White » tandis que « A Subtle Violence » draine ces riffs entêtants, ces attaques à la six cordes, ces lignes minées par un chagrin profond dont Anders Nyström aka Blackheim demeure le maître incontesté.
Le groupe connaît son Katatonia sur le bout des doigts. Cette filiation pourrait être embarrassante ; elle l’est pourtant moins que celle que Daylight Dies tisse avec Opeth quand bien même il ne lorgne jamais, lui, vers le rock progressif. Ainsi, lorsque le chanteur singe – à la perfection certes – le timbre clair de Mike Akerfeldt au détour des néanmoins très beaux « Woke Up Lost » et « Last Alone », qui semblent s’être échappés du Damnation des Suédois, la ressemblance est telle qu’elle en devient gênante. Où se termine l’hommage et où commence le pompage ? Nous n’avons pas la réponse, et les Américains encore moins. Cette réserve formulée, reconnaissons que Lost To The Living se révèle être sans doute ce qu’ils ont offert de plus convaincant. Equilibrés et parfaitement écrits, plus diversifiés que leurs aînés de Dismantling Devotion, tous les titres font mouche, à commencer par le douloureux « Descending », l’une des pierres angulaires du lot avec la descente spéléologique terminale « The Morning Light », presque doom pour sa capacité à éteindre l’interrupteur pour plonger la pièce dans l’obscurité. Un bon groupe donc, auquel on préférera toutefois Novembre, un autre rejeton des Suédois mais qui lui est parvenu peu à peu, malgré l’indifférence dont les Italiens sont victimes, à s’affranchir du poids de leurs modèles. (2008) ⍖⍖
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