Klaus, je ne sais plus. Non, je ne sais vraiment plus quoi dire, quoi ajouter sur cette somme colossale qu'est entrain d'établir peu à peu la série La vie électronique. Je ne sais que dire que sur ce quatrième chapitre que je n'ai pas déjà griffonné à propos de ses trois devanciers. Qu'il devrait être obligatoire comme la carte vitale ou la Carte d'identité ? Déjà dit. Qu'il s'agit ni plus ni moins de l'apogée créatrice de son auteur ? Déjà dit aussi. Sur trois disques de plus de 70 minutes chacun, La vie électronique 4, c'est toute la puissance du génie visionnaire de Klaus Schulze, capturée sur scène entre 1975 et 1976. Le premier d'entre eux, ne forme en réalité qu'une seule et longue pièce de musique, baptisée "Just an old fashioned Schulze Track" et subdivisée en neuf parties. C'est un crescendo lancinant qui voit le maître tricoter un méli-mélo de notes planantes, des arabesques synthétiques. Une myriade de sons libérés par tout un ensemble de claviers er d'orgue Farsifa et autres sequencers qui bouillonnent pour ériger progressivement un pandémonium orgiaque aux dimensions démentielles. Le quatrième segment, en constitue le pivot en même temps que le point d'orgue cosmique. On ne peut être qu'impressionné par la maîtrise, la cohérence du musicien qui réalise ici une performance magistrale aux allures de périple spatial, plus hypnotique (le septième titre) et aux portes de l'étrange parfois.
Le second disque se divise en trois temps. Tout d'abord "Shadow Piece", composition de 13 minutes dont l'origine reste incertaine, assez bizarre au demeurant. Le gros morceau, à tous les sens du terme, demeure "I Sing The Body Electric" et ses six sous parties. Lors de ce concert français de 1976, Schulze dessine ses tableaux stratosphériques et futuristes qui confinent à la transe comme il en a alors le secret ("The Machineries Of Joy"). Fermant la marche, "Das herz von Grönland" se révèle être dans la continuité du premier cd. Enfin, la dernière rondelle agglomère trois compos, "The Andromeda Strain", Make Room, Make Room !" et "Darkest Steglitz" gravées sur bandes en 1976 et proches des effluves cosmiques de Timewind et Moondawn. Mais, comme toujours, l'Allemand ne se contente pas de jouer simplement sur scène ses albums. A partir de ce socle électronique qui forme sa signature, il tisse des modelés inédits qui sont autant de portes vers l'Absolu. Guidé par sa seule inspiration, il décolle vers des sphères mystérieuses dont il nous ouvre les portes sans par ailleurs nous en donner les clés. Magique tout simplement. Mais je ne sais toujours pas quoi dire de plus, d'autant plus que sont déjà programmés les volumes 5 et 6. Mais quel artiste, décidément, dont une vie entière ne suffira jamais à découvrir l'immensité de l'oeuvre et du génie qui le propulse ! (2010) ⍖⍖⍖⍖
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