Contrairement à ce que beaucoup trop de traîne-savates à la Elffor forgent dans leur cave éclairée avec un briquet, matérialiser en musique la beauté de la nature en général et celle des paysages figés par l'hiver en particulier, réclame justesse et finesse ainsi qu'une bonne part de feeling. Paysage d'hiver ou Vinterriket sont les têtes de fil de cette branche parallèle du black metal, cette dark ambient neigeuse et frissonnante. Nombreux donc sont les suiveurs qui déambulent sur une ligne ténue entre sens des atmosphères et mélodies ridicules tissées par ses synthés au son bien (trop) cheap digne d'un Jean-Michel Jarre et passent de fait totalement à côté de l‘essence même de cette chapelle. Venu de nulle-part, Draumar s'en sort lui plutôt bien. Hibernation se présente ainsi comme un recueil contemplatif réussi. Sur un tapi uniquement instrumental, le one-man band, format qui se prête toujours bien au genre, pose des ambiances épurées qui évoquent les forêts septentrionales et ces tableaux naturels dominés par le blanc de la neige. Si la relecture du classique de Krieg, « Halle des Bergkönigs», ne s’imposait pas car déjà entendu mille fois auparavant, les autres pistes expriment avec une forme de majesté la beauté silencieuse des paysages enneigés.
La porte s’ouvre sur ce panorama hivernal avec le très beau « Winterreich ». Tout au piano, accompagné par des percussions synthétiques « Wolkentreiben » a quelque chose d’une rêverie pleine de poésie. On lui préférera néanmoins «Berge », chargé de mystères et l’envoûtant « Jagd ». Plus symphonique, « Eiswüste » tisse des nappes antarctiques. Draumar n’évite pourtant pas toujours une certaine naïveté, à l‘image du gentillet « Zwischenspiel » cependant que le final « Mondhymne» n’est parfois pas loin, en dépit de couleurs folkloriques bienvenues, de sombrer dans la facilité, ce qu’il évite donc de justesse. Alors certes, Draumar ne rivalise pas encore avec la puissance d’évocation de Paysage d’hiver ni avec la dimension quasi métaphysique de Vinterriket mais pour un premier essai, Hibernation séduit par sa plénitude et par sa beauté tranquille, il réussit, mieux que d’autres, à magnifier son sujet, à rendre presque palpable ces paysages recouvert d’un manteau virginal. Une bonne découverte pour les amateurs du genre et encore une sortie convaincante pour le label à suivre Naturmacht. (2010) ⍖⍖⍖
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