3 mars 2010

KröniK | Caprice - Six Secret Words (2009)




Concept séduisant, la collection Mandalia instiguée par Prikosnonénie repose sur une série d’offrandes uniques vouées à la relaxation. Pour cela, le label demande pour chaque nouveau voyage à un des artistes de son écurie de composer une musique respectant ce cahier des charges. Habitués à délivrer des œuvres singulières, les Russes de Caprice ont relevé ce qui pour eux tenait du défi. Et contre toute attente, le résultat est merveilleux, néanmoins plus mélancolique que véritablement relaxant. Pour ce faire, le talentueux Anton Brejestovki a composé six échappées que guident la voix fragile d’Inna Brejestovskaya et tout un ensemble d’instruments acoustiques (flûte, violon, harpe celtique, guitare…). Léger et rafraichissant, le titre d’ouverture, « Craft » se veut trompeur quant à l’essence réelle de Six Secret Words car ce qui suit se révèle bien plus désenchanté.


Entre le diaphane et cristallin « Trees », dont les traits sont dessinés avec une sobriété touchante et le tragique « Taeries », sécrétatoires d’une tristesse vaporeuse autant libérée par le chant spectral d’Inna que la présence fantomatique des instruments, ainsi que l’étrange « Womb », pièce de musique classique contemporaine vierge de lignes vocales (comme les deux suivantes) longue de plus de dix minutes très sombre, l'atmosphère se prête à une forme de recueillement mélancolique. Malgré un « Memories » plus évanescent et le très beau « Sage », caresse voluptueuse colorée par les notes égrenées par la harpe et le violon, Six Secret Words est donc un album certes plus accessible que le reste de la discographie des Russes mais reste empreint de cette noirceur qui contamine toute l’œuvre de ses derniers. De fait, Caprice s’est coulé dans le concept du Mandalia tout en conservant intact une identité qui n’appartient définitivement qu’à lui et, ce faisant, a accouché de son disque le plus réussi.(2010) ⍖⍖

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