Artiste généreux et stakhanoviste, François n'a pas que du sang qui lui coule dans les veines. Non, des notes qui jaillissent et dont il doit porter la vie sur bandes, l‘alimentent continuellement. L’angoisse, non pas de la page mais de la partition blanche, il ne connait pas. C’est pourquoi il se montre si productif inondant, avec son projet Betray-Ed, des albums plusieurs fois par an. Sans grande promotions et avec les moyens du bord, il couche une musique qui possède la tranquillité de celui qui sait qu'aucune pression n'est là pour parasiter son travail, si ce n'est le souci d'une satisfaction personnelle. Succédant à An Everlasting Drift, Woods Of Eternity donne tout d'abord l'impression de creuser un même sillon que son prédécesseur à savoir ce neofolk épuré et pastoral. Le terreau est certes identique cependant le musicien y propose un effort plus achevé. La production est toujours aussi artisanale mais ce n'est pas grave. Par contre, en terme d'écriture, les progrès se révèlent réellement sensibles. Ces morceaux aux allures de respirations poétiques affichent une construction plus élaborée, liés entre eux par plus de cohérence.
Corollaire de cette homogénéité, Woods Of Eternity est une œuvre d'une plus grande cohésion que ne l'était An Everlasting Drift. Il débute par le très beau et dépouillé "Celestial Woods", d’une tristesse qui semble infinie, caressé par le chant des oiseaux. Lui succède "Wine Of Abnegation", longue plainte atmosphérique dont les traits sont soulignés par des lignes de violon tandis que chant clair et voix caverneuses accompagnent des touches de guitares saturées ou acoustiques. Deux instrumentaux s'enchaînent ensuite (l"Her Withered Ivy Crown", d'une sobriété touchante et "Stranded Along The White Cliffs ") avant de laisser la place au sombre "To Untamed Lands We Sail " où François assure les vocalises claires, démontrant par là-même qu’il est sans doute plus à l'aise dans un registre dark qui sied mieux à son timbre. On lui préfèrera de fait "Fog Over The Shoals ", "Breakdown In Trust ", aux touches presque electro et le terminal "Discouraged " et ses notes de piano funéraires. Moins onirique que son ainé de quelques mois à peine, Woods Of Eternity est plus crépusculaire. Là où An Everlasting Drift était aérien, il a quelque chose d'une ballade en forêt. Betray-Ed, c’est tout le charme de la série B : pas ou peu de moyens mais un plaisir et une sincérité qui compensent cette (relative) faiblesse. (2010) ⍖⍖
bonne critique de l'artiste et de son oeuvre; on aimerait le voir explorer de nouvelles voies (voix)
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