Franchement, on n'attendait pas forcément beaucoup de cette nouvelle offrande de The Last Embrace, bon groupe au demeurant, si ce n'est une qualité égale à celle de sa devancière, Inside, galette prometteuse et détentrice d'un charme douce amer qui affichait les qualités et les défauts de la jeunesse. Or, on mesure à l'écoute de Aerial que les Français ont désormais bel et bien quitté les rangs de l'adolescence pour entrer pleinement dans l'âge adulte. Les progrès parcourus sont énormes, aussi bien en terme de son que d'écriture, celle-ci se faisant riche d'une profondeur qui jusqu'alors faisait défaut aux anciens morceaux. Corollaire de ce gain de maturité, l'équipe a gagné en personnalité. Des influences, tous les groupes en ont, même les plus grands ; ce qui importe, c'est de les digérer. Si à ses débuts ils paraissaient sans doute un peu trop inféodés à la mouvance atmosphérique façon The Gathering, pour le chant féminin, le Anathema dernière période et Opeth (Damnation n‘était parfois pas loin), les franciliens commencent réellement à s'émanciper de leurs modèles, quand bien même la présence de Mick Moss (Antimatter), avec lequel ils ont partagé la scène, le temps d'un duo étonnant avec Sandy ("Alone"), démontre que cette proximité demeure.
Mais dès le puissant "Complete City", il est clair que l'accent a été mis sur les atours les plus progressifs du groupe, évolution confirmée de la plus somptueuse des manières par le pan instrumental de "Impending Dawn", synthèse parfaite entre métal atmosphérique et prog antédiluvien. Le vernis sonore des cuivres et des claviers renoue avec la beauté mélancolique du King Crimson du début des années 70 (Lizard). Plus travaillée, comme peut le confirmer la durée générale des structures, chaque compo fourmille d’idées et d’arrangements (« Into The Vortex » et ses parties de guitares lumineuses). On sent que le groupe a soigné cette étape, a pris son temps. Un mot enfin sur le chant de Sandy, laquelle réussit à tremper ses lignes vocales dans une palette assez vaste, bien davantage que sur Inside, chant (forcément) aérien qui survole l’ensemble et par là-même lui confère un caractère insaisissable. Teinté d’une certaine fébrilité touchante, Aerial oscille entre pulsations puissantes ("Nomad Wave") au souffle hypnotique parfois (le très Porcupine Tree "Whirltime"), - ce que les français réussissent le mieux -, courtes pièces instrumentales ("Among Them", "Playground") suffisamment intéressantes pour ne pas se cantonner à du remplissage comme cela peut parfois être le cas et pauses plus veloutées ("Gravity", "Precious Pond"). Malgré sa longueur, on ne voit jamais le temps passer durant cet album équilibré. The Last Embrace a ici affirmé son identité et l'a même renforcée davantage au point d'atteindre une dimension nouvelle, plus mature. Ce faisant, il signe une oeuvre qui devrait l'imposer comme une des meilleures formations de l'hexagone. (2010 | MW) ⍖⍖⍖
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