12 février 2010

KröniK | High On Fire - Snakes For The Divine (2010)




Heavy : lourd, pesant... Combien de groupes se vantent d'être super heavy sans pourtant l'être tant que cela ? Beaucoup ... Trop. Mais s'il y a bien un mec qui sait ce que veut dire le mot heavy, c'est bien Matt Pike. C'était déjà le cas avec le cultissime Sleep (rappelez-vous de Jerusalem et Dopesmoker), ça l'est encore davantage avec High On Fire, groupe qu'il a monté en 1998. Depuis quatre enclumes, le power trio coule dans l'acier un métal velu dont on a l'impression qu'il pourrait être du Motorhead si celui-ci se mettait à usiner un stoner doom pachydermique. Bref loin du hard rock pour fumeur de pipe à eau, High On Fire c'est du méchant, du tatoué, du qui sent sous les bras et qui a l'haleine puant le Jack Daniels. Death Is This Communion en avait déçu beaucoup il y a un peu plus de deux ans maintenant. Cet album n'était pas mauvais, mais il manquait de bonnes idées. De fait Snakes For The Divine s'impose comme l'opus que les Américains auraient dû vidanger après l'excellent Blessed Black Wings. Le groupe met d'ailleurs tout le monde d'accord avec l'énorme morceau éponyme long de plus de huit minutes qui déboule d'entrée de jeu : batterie sismique digne d'une chape de plomb qui écrase tout sur son passage, la voix de Matt, râpeuse, un peu comme celle de Lemmy le matin après une cuite et un riff d'ouverture dantesque. Car Matt Pike possède ce sens du riffing goudronneux qui fait de lui un des meilleurs guitaristes du circuit. Avec ce solo superbe qui illumine une fin de parcours tellurique, "Snakes For The Divine" est un véritable orgasme épique. 

"Frost Hammer" est introduit par un ouragan rythmique avant de faire parler la poudre. Étonnamment, un passage plus atmosphérique le scinde en deux puis ouvre la porte à un solo encore une fois alimenté au bon vieux heavy. Le titre le plus surprenant du lot est certainement "Bastard Samouraï", tentative réussie de marier canevas hypnotique mais néanmoins ultra pesant et doom intense. Tout en progression, le morceau commence d'une manière lente puis décolle en son milieu permettant à la guitare de se tailler la part du lion. Enfin, avec sa construction en forme de cercle, il se termine en adoptant le modelé du début.  Succédant à un "Ghost Neck" aux allures de crachat hardcore, "The Path", instrumental piloté par cette batterie terrestre marque une coupure et annonce un final granitique constitué des deux cavalcades épiques "Fire, Flood And Plague" épais comme une marrée noire et ce qui s'impose comme l'Everest de Snakes For The Divine, le monstrueux "How Dark We Pray. Après ses premières mesures qui vous donnent des frissons, lesquelles démontrent que Matt Pike n'est pas seulement un roi du riff de bucheron mais aussi un musicien plus fin qui n'y parait, le titre s'enfonce dans un substrat granitique toujours creusé au burin par la batterie mangeuse d'espace de Des Kensel. En dépit du chant rageur du guitariste et de la noirceur plombée des ambiances il y a ce solo émotionnel qui perce le mur érigé tout du long par les musiciens. Le programme s'achève sur le plus ramassé "Holy Flames Of The Fire Spitter", manière pour High On Fire de terminer sur une note sauvage. Les fans de la premières heures râleront encore certainement mais pourtant force est de reconnaitre que les Américains viennent avec Snakes For The Divine de frapper un grand coup. C'est le High On Fire comme on l'aime : sale, rustre et méchant mais tellement beau. Une tuerie absolue et sans doute le disque le plus heavy entendu depuis très longtemps ! (2010 | MW) ⍖⍖⍖⍖

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