15 février 2010

KröniK | Eluveitie - Everything Remains As It Never Was (2010)




Il faut battre le fer tant qu'il est chaud. Voilà un adage que Eluveitie applique à la lettre depuis qu'il a explosé il y a deux ans. Un album studio (Slania au succès que l'on sait), un live (Live At Metalcamp), une pause acoustique (Evocation I - The Arcane Dominion) et en ce début 2010, un (déjà) quatrième opus. De fait, après des prémices discrets et modestes, les Suisses semblent vouloir rattraper le temps perdu. Et comme la qualité est à chaque fois au rendez-vous, personne ne se plaindra de ce stakhanovisme généreux. Profitant aussi bien de l'engouement pour le folk métal, le death mélodique à la suédoise et la touche féminine, Eluveitie a su concocter une recette personnelle dont Everything Remains As It Never Was se nourrit sans vraiment chercher à la modifier. Des titres courts, ramassés, un tempo effréné, une voix caverneuse masculine, celle du leader Christian "Chrigel" Glanzmann, quelques choeurs féminins ("Quoth The Raven"), le tout souligné par des couleurs folkloriques peintes par une poignée d'instruments traditionnels (flûte, mandoline, hurdy gurdy...), sont les atours affichés par une formation qui sait surtout écrire de vraies chansons taillées pour la scène et pour faire headbanguer les fans.


Pas de surprise donc avec ce nouveau cru qui creuse le même sillon que Slania. Entre une intro ("Otherworld") et une outro ("The Liminal Passage"), il alterne compositions métal saupoudrées de touches folk ("Everything Remains As It never Was", "The Essence Of Ashes", "Sempiternal Embers") et morceaux instrumentaux sans cuirasse électrique (les très beaux "Isara" et "Selton"). L'album compte les hymnes par palettes entières ("Thousandfold", "Nil") et se boit d'une traite sans aucun temps mort. S'il ne se distingue donc pas réellement en terme de style de son prédécesseur saturé, on notera cependant un trait parfois plus brutal (tout est relatif bien entendu), à l'image de certains passages de "Kingdom Come Undone" ou du mur rythmique dressé par "(Do)minion". Les Suisses s'essayent même au solo de guitare, exercice pourtant assez éloigné de leur style, avec "Lugdunon", pour un résultat plutôt convaincant. Eluveitie ne prend donc aucun risque, après un essai acoustique seulement à moitié réussi. Il livre ce que ses admirateurs de plus en plus nombreux attendent de lui. On peut le regretter tout en reconnaissant toutefois que sa musique se justifie surtout justement quand elle marie métal extrême et partition folklorique et pas uniquement cette dernière. Néanmoins, il ne faudrait pas que le groupe s'enferme dans un schéma trop prédéfini, automatique. Certains en font une carrière (Iron Maiden, AC/DC) mais Eluveitie ne possède pas un talent identique pour pouvoir se le permettre. Ceci étant, Everything Remains As It Never Was est une bonne cuvée : ne boudons pas notre plaisir... (2010 | MW) ⍖⍖⍖

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