Même si on aurait aimé qu'il nous livre une véritable nouvelle offrande longue durée, il n'empêche qu'un tout petit quart d'heure suffit à Défaillance pour creuser de profonds sillons dans la chair. En deux mortifications écorchées, le duo poursuit la macération d'un black metal cru et malsain qui n'appartient qu'à lui. Pas de révolution donc mais un disque néanmoins essentiel engoncé dans un noble digipack numéroté à la main. Des deux titres proposés, "A la frontière des mondes" s'impose comme le meilleur du lot. On y croise cette architecture décharnée et lancinante pilotée par des riffs pollués et répétitifs cependant que le chant lointain et hystérique de Black-Wood-Majesty contribue à l'abîmer dans une contemplation suicidaire et totalement désespérée.
On note au passage le recours à quelques nappes de claviers lugubres et de piano grêles qui procèdent d'une ambiance aussi sinistre que glaciale. Originaire du nord-est de la France, on sent bien que la géographie froide de cette région a dû inspirer les deux musiciens. Funéraire et sévère, cette plastique n'en reste pas moins assez mélodique. "Seul dans ma souffrance" est plus court et presque accrocheur mais il draine ce sens du riffing maladif caractéristique de Défaillance. Avec toujours cette économie de moyens, celui-ci réussi à dépeindre des images de décrépitude absolue et confirme sa place singulière parmi les meilleurs doloristes. (2010) ⍖⍖⍖
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