26 février 2010

KröniK | Dark Sanctuary - S/T (2009)




Alors que le groupe nous avait habitué à des durées raisonnables entre chaque nouvelle offrande (deux années en moyenne), il nous aura fallu attendre plus de trois ans pour pouvoir goûter au successeur du second volet du diptyque Exaudi Vocem Meam. A cette attente anormale, il faut chercher son explication dans les difficultés rencontrées par les musiciens pour enfanter ce septième opus dont on sent qu’il pourrait bien être la pierre tombale de ses auteurs. Son titre éponyme d’ailleurs peut le suggérer. Lorsqu’un groupe décide d’attribuer à un de ses disques son propre nom, c’est soit pour signifier un nouveau départ soit au contraire pour annoncer sa fin imminente. L’avenir nous dira quelle signification il fallait retenir. Mais, du superbe packaging livresque enténébré par des illustrations inédites de la papesse du gothique Victoria Francés jusqu’aux teintes spectrales qui drapent Dark Sanctuary, les indices mortuaires ne manquent. De fait, il n’est sans doute pas exagéré d’affirmer que le groupe vient d’accoucher de son œuvre sinon la plus noire au moins une des plus tristes. 

Ces douze mélopées explorent les instants les plus désespérés d’une vie grise et sans joie. L’enveloppe épurée des instruments lesquels, semblent être lointains, presque fantomatiques et surtout la voie vaporeuse de Dame Pandora, plus insaisissable que jamais participent d’une atmosphères funéraire, de la couleur d’un linceul. Nappé dans un spleen baudelairien, l’album pourra paraître monotone mais cette absence de vie contribue elle aussi à lui conférer cette allure de passage entre la vie et la mort. Ce faisant, Dark Sanctuary livre une œuvre d’une grande cohérence aux ambiances religieuses subtilement travaillées. Et comme toujours, c’est dans les moments les plus tragiques, qu’il atteint des sommets de beauté, à l’image du « Tribunal ». Difficile d’accès, cet album requiert nombre d’écoutes pour en détailler tous les secrets et le remarquable travail d’arrangements auquel les musiciens sont parvenus (« Incomprise »). Ses chansons sont des portes qu’il faut plusieurs fois tenter d’ouvrir pour ensuite pénétrer dans les alcôves qu’elles ferment. Sans doute pas le chef-d’œuvre de Dark Sanctuary mais incontestablement une de ses œuvres les plus dramatiques. D'un romantisme funéraire envoûtant. (2010) ⍖⍖⍖

 

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