18 février 2010

KröniK | Cities Last Broadcast - The Cancelled Earth (2009)




D’une certaine manière, le fait de vous dire que The Cancelled Earth a vu la nuit dans le giron du label Cyclic Law, écurie de Frederic Harbour (Longing For Dawn), qui s’est d’ailleurs occupé du mastering, devrait être suffisant pour vous le procurer, sinon vous y intéresser. Que Cities Last Broadcast soit le nouveau projet du vénéré Par Boström (Kammarheit), également. Proposé dans un packaging soigné selon l’habitude de la structure canadienne, cet album est une symphonie crépusculaire et urbaine, et il est autant de paysages désolés. Dark ambient viscérale, ce programme envoûte autant qu’il effraye. En sept plages, qu’il convient de ne pas séparer les unes des autres, on assiste, témoin anonyme à la dégénérescence d’un monde, celui des villes tentaculaires et déshumanisées. 

Que The Cancelled Earth ait été inspiré par des lieux tels que aéroports, tunnels, gares, etc... explique, en partie, le caractère naufragé, perdu, de cette partition uniquement formée par une masse grouillante de sons froids érodés par un souffle terrifiant. En s’abîmant en elle, on a l’impression de voir se dessiner la peinture terminale d’un univers qui prolifère telle une gangrène. Toutefois, comme toujours lorsque l’on goûte et comprend le genre, la beauté grondante et souterraine qui s’en dégage fait le reste. Les trois dernières pistes notamment, irradient une forme d’émotion sourde, tapie sous les couches synthétiques et ambient et néanmoins bien réelle. Superbement noir, The Cancelled Earth semble suivre une trajectoire précise. Panorama gris et industriel, il épouse une ligne qui le mène vers sa propre fin, qu’incarne le démentiel "Architecton", dont les arcanes ténébreuses paraissent s’enfoncer dans les profondeurs de la terre elle-même, tandis qu'un son de mellotron hanté final l'achève sur une note perturbante. Cela pourrait être la bande-son de l’Apocalypse. Ce qu’il y a de saisissant dans cette œuvre, c’est sa puissance invisible qui se propage en ondes telluriques telles des vagues qui vous emportent. C'est un monde qui s’écroule... (2010 | MW) ⍖⍖⍖

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