7 février 2010

KröniK | Thesyre- Duality (2005)




Fidèle a une écriture dont il ne se départira sans doute jamais, Eric Syre grave avec Duality un deuxième effort qui se fraye un chemin dans la crevasse creusée par son ainé éponyme. Thesyre, c'est une certaine vision du black metal, qui noue une proximité avec les derniers Darkthrone tout en réussissant là où les norvégiens ratent le coche : être groovy et fielleux à la fois. Des assauts très courts, marqués au fer rouge, des grattes directement branchées sur le secteur ("Terror"), la voix frottée avec du papier de verre du maître des lieux et surtout ce tempo digne d'un blockaus au service d'une idéologie patriotique, forment la moelle épinière de ce Duality efficace en diable accroché à des falaises rythmiques. Pour autant on ne saurait le considérer comme une simple resucée de Thesyre ou du split avec Corpus Christii (F.O.A.D.). 

Le Québécois continue de travailler sa roche abrasive. Des paroles en anglais (sauf pour "Quatre lys noirs") et des lignes vocales plus variées participent de cette évolution et de ce travail. De même, les instruments ont plus de place pour s'exprimer (la basse sur "Pyromania " par exemple) tandis que la prise est plus claire ce qui ne lui ôte pas son caractère haineux. Entre tous ces crachats thrashy, on note la présence de charniers plus mid-tempo, tels que les redoutables "The Eagle in the Wheel" et "The Cult Of Victory" qui labourent les corps et les chairs. Troublant comme Thesyre parvient à sonner presque rock 'n' roll tout en ruisselant ce fluide malsain  dont il est coutumier. Ses compositions sont de purs concentrés de haine, de la matière brute à vif. Une tension court tout du long de cette litanie de fiel. Pour conclure, Duality est aussi bon que Thesyre tout en étant plus diversifié, plus travaillé, ce qui ne signifie pas que l'urgence et la brutalité souterraine aient été mis en jachère, bien au contraire. Enfin, citons la reprise de Sodom, "Outbreak Of Evil" laquelle, se glisse avec aisance au milieu de ce substrat épidermique et primitif. Que des qualités donc... (2010) ⍖⍖⍖

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