26 janvier 2010

KröniK | The Flight Of Sleipnir - Algiz + Berkanan (2009)




Le fait que The Flight Of Sleipnir ait rejoint l'écurie No Colours Records, où il est aussi à l'aise que Guy Carlier dans une Fiat 500 ne doit pas, surtout pas vous faire passer à côté de cette gemme qui ne noue aucun lien avec le black metal qui a d'habitude les faveurs du label allemand. Non ce groupe américain sorti de terre il y a seulement un an sculpte dans la roche du Mont Rushmore un doom massif se nourrissant d'effluves progressives et psychédéliques sur fond de thématique celtiques et runiques. Qu'ils aient repris le "Echoes" de Pink Floyd sur la démo Wisdom Calls For Sacrifice ne surprend donc pas. Premier opus au titre curieux, Algiz + Berkanan déroule une architecture qui l'est tout autant. 42 minutes dont presque la moitié est consacrée à la longue épopée "Algiz" qui justifie à elle seul son acquisition. Après des arpèges dépouillés soulignés par des nappes de claviers fantomatiques, le titre décolle, fort d'un rempart rythmique sévère. Le chant oscille entre caverne et choeurs valeureux. Puis, des paysages grandioses défilent, on pense alors au Bathory viking et conquérant. La guitare s'élève par la suite entre volutes psychés et prog antédiluvien. La première partie du morceau s'achève, une seconde commence, hypnotique où la batterie et synthétiseurs tricotent des aplats cosmiques. Les arpèges reviennent, annonçant un final superbe et grandiose. 


Suivent alors quatre compositions plus ramassées. "Birchfire" à l'atmosphère dramatique et toujours porté par ses choeurs vikings. Les dernières mesures sont enflammées par un passage instrumental d'une beauté à couper le souffle. "Four Winters", quant à lui, combine vocalises des abysses et structures hard rock préhistorique pour un résultat étrange mais fascinant. Magnifique, "Berkanan" est une piste instrumentale qui semble s'être tout droit échappée des années 70. 100 % floydien donc. Enfin, "Entombed In Earth" conclut l'album de la plus belle des manières avec sa guitare à la fois aérienne et épaisse comme la semence masculine après deux jours d'abstinence, malgré une fin ultra pesante marquée par un durcissement du trait. Quasiment venu de nulle part, The Flight Of Sleipnir s'impose dès son galop d'essai car son doom est singulier dressant un pont entre musique pachydermique, prog et dimension épique qui sent bon les sapins et les forêts éternelles. Original pour le moins même si l'on sent que le potentiel du duo est sans doute encore à peine déflorer. Peut-être un futur géant du genre... (2010) ⍖⍖⍖

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