La liste est longue : Austere, Pestilential Shadows, Funeral Mourning (dans la tombe depuis peu), Woods Of Desolation et bien entendu l'ancêtre Nazxul. Quel rapport entre tous ces groupes ? Un nom : Desolate, quasiment le point de convergence à lui tout seul d'une bonne partie de la scène extrême australienne et plus particulièrement celle de New South Wales. Secondé par Dolor chargé des guitares, basse et batterie, il grave avec Woods Of Desolation, un black metal selon son coeur : suicidaire, sinistre et répétitif. S'il noue forcément une proximité avec Austere, le projet possède cependant sa propre personnalité. En effet, là où son faux frère jumeau se montre parfois aventureux et plus lisse en terme de son, Woods Of Desolation affiche un comportement nettement plus orthodoxe en cela qu'il honore avec respect les Tables de la Loi établies il y a bientôt vingt ans par Burzum. On aurait aimé bien sûr que Sorh constitue la véritable seconde pierre longue durée à son édifice dont la construction est sortie de terre en 2005. Pour autant, sa courte durée (24 minutes et quatre morceaux) ne grève finalement pas sa très haute tenue. Proche de son récent aîné, le magnifique Towards The Depths, on y retrouve donc ces longues plaintes lancinantes au fuselage très cru, cette façon d'avaler l'espace, ces rushs de guitares étouffants qui vous serrent comme un étau, ainsi que cette prise de son lointaine grâce à laquelle on a l'impression que les instruments proviennent de très, très loin et qu'ils ont été capturés dans une caisse de résonnance.
Précédé d'une courte intro, "The Leaden Sky Torn" rampe dans un caveau lugubre dont le désespoir absolu est porté par le chant écorché de Desolate, Golgotha long de près 9 minutes de souffrance. Le rythme est lancinant tandis que les guitares érigent des récifs noirs contre lesquels on vient s'écraser, se fracasser. Plus sombre encore, "Enshrouded by Solitude" est un cri d'alarme et de haine, prisonnier d'une masse grésillante et polluée à l'extrême. Les riffs sécrètent une tristesse résignée, autant de pinceaux d'une solitude autant crainte que désirée face au conformisme et la laideur humaine. Sa seconde partie, bercée par les pleurs de la pluie qui tombe, sombre dans une boue mélancolique charriée par des lignes de guitare grêles. Desolate y hurle comme si demain ne devait plus jamais existé. La marche funèbre s'achève déjà sur "Within the Crimson Tide" qui, s'il n'apporte rien de neuf, creuse de profondes crevasses dans la chair. Pour qui est habitué à la signature du musicien, Sorh ne réservera aucune surprise. Mais encore une fois, le black metal dépressif et misanthropique n'est pas et n'a jamais été une question d'originalité à tout prix. Ce qui importe au contraire est sa capacité à peindre des sentiments tels que la perdition, le désespoir, l'affliction, ce que réussit admirablement à faire Woods of Desolation, peintre de la douleur viscérale. Une référence dans le genre ! (2009) ⍖⍖⍖
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