Fumiste sans intérêt pour beaucoup, génie sinon artiste singulier pour d'autres, Stijn van Cauter ne laisse personne indifférent. S'il ne rechigne pas de temps en temps à s'associer à d'autres êtres humains (In Somnis, Wiljen Wij, Pantheist en tant que musicien de sessions), le belge est avant toute chose un solitaire, reclu dans son home-studio où il peut graver sur bandes de la musique au kilomètre grâce à la dizaine de projets qui l'occupent.
Parmi ceux-ci, dont il ne diffère pourtant pas tant que cela, Until Death Overtakes Me reste le plus connu, celui qui bénéficie de la plus grande lisibilité auprès du public. Fidèle à une écriture (?) demeurée inchangée, Days Without Hope nous permet donc de retrouver ce funeral doom inimitable aux portes de l'ambient d'une lenteur telle que parler de doom à son endroit relève presque de l'absurdité. Une totale absence de rythme et une brume opaque tapissée par des nappes de claviers autistes forment la trame principale autour de laquelle van Cauter tricotte sa marche funèbre, parfois secouée par des rushs de guitare polluée qui surgissent à intervalles plus ou moins réguliers ("They Never Hope", "This Dark Day").
Essentiellement instrumental, l'édifice spectral est parfois fissuré par quelques échos caverneux et lointains. En dépit d'une tentative de rompre la létargie ambiante par le recours à des riffs qui bourdonnent comme le réacteur de l'A380 ("Careless, Paintless, Far Away"), ces interminables plaintes se contentent bien souvent de répéter un même schéma minimaliste et lancinant, ces notes de piano mortuaires identiques de l'une à l'autre et de disque en disque. On peut le regretter ou n'en avoir rien à faire. Il est aussi permis de déceler une part de beauté hypnotique qui confine à la trance dans cette répétition maladive d'ambiances funéraires qui semblent provenir directement des entrailles de la terre, à l'image de l'inaugural "Cruel", porte d'entrée austère et d'une belle épure.
S'il privilégie les longues dérives, c'est pourtant lorsqu'il contient son inspiration (?) dans le cadre d'une durée plus raisonnable (autour de sept minutes), que van Cauter atteint la quintessence de son art, comme le démontre le glacial "T.D.D. (reprise)".
Ni meilleur ni pire que ses aînés, quoique un peu inférieur tout de même, Days Without Hope porte les stigmates de son auteur et devrait de fait séduire les masochistes (dont je fais partie) s'étant abîmé avec délectation dans les sables mouvants des Prelude To Monolith et Symphony III. Les autres, vous pouvez passer votre chemin mais cela, vous le saviez certainement déjà ... (2010) ⍖⍖
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