18 janvier 2010

Krönik | Sanctus Nex - Aurelia (2009)




Bien que réunissant les conditions tant géographiques que culturelles propices à l'érection d'une chapelle noire aussi brûlante qu'en Scandinavie, le Royaume-Uni est longtemps passé pour un des parents pauvres  du mouvement en matière de black metal. Certains provocateurs argueront qu'il y a Cradle Of Filth mais cette médiocre horde a-t-elle jamais fait du black metal ? On est permis d'en douter ! Pourtant, tapi dans les recoins de l'underground, ça grouille de prêtres occultes. Sanctus Nex en est un bon exemple. Signé chez ATMF, label italien exigent et élitiste, cette entité récemment extraite de la terre boueuse, agglomère quelques activistes de la nuit issus de groupuscules tels que SKM, Vomit ou Omega Centauri soit des artisans d'une vision misanthropique et mortifère de l'art noir. Aurelia, leur première offrande, est certes (trop) courte mais sa faible durée ne gomme pas l'intensité organique qui bat dans ses entrailles pestilentielles. Les quatre macérations qui la structurent libèrent un fluide affreusement visqueux qui pollue tout l'espace environnant. Lugubres et kaléidoscopes d'images de décrépitudes, elles ont la capacité à appuyer sur l'interrupteur, à vomir une substance viciée au souffle apocalyptique. 

Passé des préliminaires instrumentaux, "Exordium of the Apostate", qui installe en quelques minutes un climat sinistre, dôme crépusculaire à l'intérieur duquel on est invité à pénétrer, "In Pursuit Of Albion" est la première marche vers un trou noir minéral. Emanation hypnotique, elle suinte une bile corrosive qui ronge les boyaux d'un black metal autiste. Déchiré par moment par des accélérations furieuses, ce titre est oppressant et malsain à souhait. Dépassant lui aussi les dix minutes, "Held In Reverence", a quelque chose d'une saillie brutale, exécutée par un phallus monstrueux, incarné par la voix possédée de Torn, laquelle plonge plus encore dans les ténèbres une plastique pourtant plombée par des riffs maladifs. Cette boursouflure noire est un flot menstruel déglingué dont il est difficile de suivre le chemin. On finit par se perdre dans ses méandres laides et théâtrales d'un cauchemar sonore étouffant malgré une reptation finale au charme délétère. Dernière excavation vers un point de non-retour, "Genesis Reversion" est, comme ses devancières, la porte d'entrée d'un labyrinthe où règne occultisme interdit et un satanisme plus élaboré que la moyenne. Et encore une fois, elle est un maelstrom d'ondes négatives qui vrillent l'âme. Ni funéraire ni true, Sanctus Nex grave un psaume impie singulier et personnel parfois au bord de la folie hystérique. Sans beauté ni la moindre parcelle de lumière ou d'espoir. Aurelia absorbe, avale et régurgite. Point final. (2010) ⍖⍖


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