Ils viennent de Liverpool mais n'auront certainement pas le même succès que leurs quatre légendaires aînés. Comment pourrait-il en être autrement quand on grave dans la roche froide britannique un black metal aussi noir et viscéral ?
Dragged Into Sunlight prouve déjà une chose : qu'il n'est pas nécessaire de parader avec des bracelets à clous plus gros que des jambons et d'avoir la gueule grimée avec de la peinture acheté chez Leroy Merlin pour faire Evil avec un grand E, s'il vous plait ! Sa première saignée dont le nom résume à merveille le contenu, est un bloc de haine intense, dont la croûte qui le recouvre a été sculptée par Billy Anderson, toujours parfait lorsqu'il s'agit de dresser un son sale et épais comme une coulée de sperme. Le visuel, dégueulasse et malsain participe aussi du caractère malfaisant de cette bête sauvage qui, en six saillies exécutées au burin, déverse un flot menstruel d'ondes négatives.
Le groupuscule dont les membres sont cagoulés démontre aussi à ce titre que l'on peut déverser un torrent de bile dépressive sans pour autant s'embourber dans la lenteur catatonique. Non au contraire, ces Anglais érigent un bunker minéral écrasant comme une chape de plomb. Leurs attaques aiment à se déployer sur de longues durées, ce qui ne les empêche pas d'être denses et massives. Ni funéraires ni true quelque chose, elles sont tout simplement chargées d'un fluide fielleux abominable.
"Boiled Angel", au tempo digne d'un panzer, fouaille les entrailles, furieuse palpitation déchirée par des sursauts de folie pure. Hallucinant et laid, "Buried With Leeches" a quelque chose d'un charnier fumant au bord de la rupture et qui avale les minutes dans un climat de décharges maladives, vomies par un chanteur enragé. Plus court, "Volcanic Birth" agresse les muqueuses avec ses coups de boutoir démoniaques. Aux confins du doom tellurique durant ses premières mesures, "To Hieron" par ensuite braconner sur les terres déglinguées d'un black metal ultra rapide.
On sort exsangue et vidé d'une écoute qui s'achève sur le démentiel "Lashed to the Grinder & Stoned to Death", fracturés de descentes à la mine et sur "I, Aurora", épilogue dont la substance faussement calme ne doit pas vous tromper car il suinte une atmosphère sinistre de décrépitude certaine. Epuisant et peu agréable à supporter de prime abord, Hatred For Mankind est pourtant une oeuvre cohérente et sincère qui réclame nombre de préliminaires pour espérer pouvoir pénétrer en profondeur ses arcanes noires au goût d'interdit.
Peu accessible donc mais Dragged Into Sunlight montre que l'art noir n'est pas que l'affaire de bouffons prenant la pause dans une forêt enneigée. Il fait partie de ces groupes pour qui le genre est avant tout un humus alimentant une musique qui n'a que faire des codes et des règles. A méditer. (2009) ⍖⍖⍖
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