Comme son nom éponyme l'indique, Thesyre est le premier méfait du québécois après plus de huit années passées à graver tout seul dans son coin plusieurs démos. Emporté par un sentiment d’urgence palpable, il est celui qui va fixer durablement la signature de son mentor, à savoir ce black metal à la fois groovy, presque rock n roll ("Virus") et pourtant fiévreux et particulièrement malsain, caractère qu'il doit beaucoup à la voix râpeuse d'Eric Syre (sur "La grande finale" notamment). S'il reprend les cinq titres de la démo d'août 2002 ("The Cleansing", "Elitsim"...), le disque présente un fuselage sonore plus clair, moins primitif. On pourrait le regretter. Néanmoins, le son, qui claque, fouaille les chairs, a gagné une puissance de feu imparable et n'a pour autant rien perdu en sincérité et en âme. Avec une attitude quasi punk dans l'esprit, Thesyre, aussi bien le projet que l’homme tant les deux se confondent, expulse de ses tripes dix saillies rapides et toujours très courtes (entre deux et trois minutes, jamais davantage c‘est dire). Ce sont des coups de boutoir implacables qui déchirent les muqueuses sans faire de pauses.
Moins de trente minutes au compteur, l'album va très vite, guidé par ces ondes nationalistes et fielleuses à l'instar des "Propagandart", "Triumphant March" et autre "Creed", véritables mines anti-personnelles qui vous pètent à la gueule. Décharné et garanti première prise (« The Arsonist »), c’est un black 'n' roll qui donne envie de taper du pied même si parfois Thesyre lui préfère un tempo plus pesant, rare peut-être mais super efficace et faisant exploser le compteur Geiger de la vermine comme en témoignent « La grande finale », rampant comme un panzer en pleine campagne de Pologne et "Ashes", que rehausse la voix de John Gill d'Alpha Drone, exercice qui sied toujours bien au solitaire (Departure l’avait d’ailleurs déjà démontré) et qui vient casser une ligne qui sans lui, serait trop droite. Un excellent premier rot dont la très haute tenue trahit de longues années à travailler un matériau déjà mur. On sent effectivement que les compos ont été bien rodées par un musicien déjà sur de son art et de sa vision du black metal. (2010) ⍖⍖⍖
Un grand merci à Eric Syre pour m'avoir demandé de chroniquer la quasi intégralité de son oeuvre.
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