En toute franchise, on n'attendait pas forcément grand chose de Maniac, longtemps profanateur vocal mal-aimé de Mayhem, coincé entre un Dead plus morbide et un Atilla Csihar plus halluciné et hallucinant mais redevenu son propre maître depuis 2004. Et le fait qu'il se soit associé pour son Skitliv à son pote Niklas Kvarforth n'y change rien. Pire, le chanteur de Shining, pourtant jadis si inspiré, multipliant désormais les participations, parfois pour le meilleur (Manes) mais aussi pour l'inutile (Bethlehem), on finit par se méfier lorsque l'on voit pointer le bout de son nom accolé à un quelconque projet.
Après une démo et deux EP intéressants sans être néanmoins des plus prometteurs, Skandinavisk Misantropi se révèle pourtant être plutôt une bonne surprise. Déjà, la contribution de Kvarforth se limite à gratouiller des riffs. Surtout, on y découvre un Maniac capable de bien plus de profondeur que chez son ancien employeur ("Skandinavisk Misantropi"et "Towards The Shores Of Loss..." notamment) ; un Maniac capable aussi de faire vibrer les boyaux d'une gangrène superbement malsaine. Il faut dire que ce black doom vicieux lui sied bien, même s'il n'invente rien se contentant de reprendre à sa manière des recettes cuisinées par d'autres avant lui, à l'image du sabbathien "Slow Pain Coming", hymne doom muté en excavation sinistre d'une lenteur agonisante.
Maladif et possédé (le terminal "ScumDrug"), Maniac livre un premier opus longue durée tout en atmosphères, parfois au bord de la rupture lorsqu'il déambule le long du gouffre d'une folie prolifératrice ("Towards The Shores Of Loss...", pulsation mortifère scindée en deux parties, une première délicieusement lugubre, et une seconde plus hypnotique). Muni de guitares au fuselage déglingué et d'un chant écorché, Skitliv écarte ses cuisses pour y laisser couler une lèpre nauséeuse au goût de rouille ("A Valley Below").
Ce faisant, il donne sa propre définition d'un black metal qui préfère les reptations suicidaires aux pénétrations sans vaseline et ce, en dépit d'un "Densetsu" plus rapide. Drapé dans le linceul du doom le plus sentencieux, Skandinavisk Misantropi libère ses effluves pourrissantes par le biais de plaintes pétrifiées qui semblent prisonnières d'une gangue de ciment les empêchant de démarrer au point parfois de se demander si elles ont un sens, à l'instar de "ScumDrug", interminable décrépitude d'une laideur exquise où apparaît aussi Attila Csihar. Puisque l'on parle des invités, citons également la présence de Gaahl (sur "Hollow devotion) et celle plus étonnante de David Tibet (Current 93).
Du coup finalement, fort de cet étron délicieusement morbide, Maniac retrouve grâce à nos oreilles. On suivra donc désormais la suite de ses aventures onaniques avec plus d'intérêt qu'on aurait pensé le faire ! (2009) ⍖⍖
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