Une petite larme perle à votre œil quand on évoque le hard US des eighties. Vous fantasmiez grave sur la moue boudeuse de Brett Michaels de Poison. Vous estimez (à raison d’ailleurs) que W.A.S.P. est mort avec son héros de The Crimson Idol. Alors cette première saillie de Bourbon Flame vous est clairement destinée.
Bourbon Flame, késako ? La résurrection de Blackie Lawless après une brochette de disques médiocres ? On pourrait le croire à biberonner la voix délicieusement éraillée gueulant sur cette galette qui fleure bon le The Last Command du géant (plus si) provocateur. Ou alors, est-ce un nouveau groupe ricain qui s’amuse à singer ses glorieux ancêtres ?
Tout faux. Bourbon Flame n’a en fait d’américain que l’inspiration car son état-major se situe en Norvège (!) et on y retrouve même le mercenaire de la six-cordes, Ice Dale qui, décidément, ne doit plus beaucoup dormir ces derniers temps vu tout ce qu’il a sur le feu. L’homme est versatile, ce projet en témoigne, parvenant à couler avec une aisance déconcertante son jeu flamboyant de guitar-hero (un des rares à être apparus ces dernières années) aussi bien dans le black metal, qu’il soit progressif (Enslaved), Indus (Trinacria), Heavy (I) ou evil (Gorgoroth, qu’il ne fait toutefois que dépanner) que dans le metal grand public.
Après avoir honoré le hard rock des années 90 via Audrey Horne, il plonge dans les marécages des Bayous pour vidanger cet hommage rugueux suintant le whisky au glam rock d’antan Le mimétisme est tellement réussi qu’on s’y croirait ! “ Six Feet Under ”, “ Back In The Saddle ”, “ High On The Bourbon Flame ”, “ Rooster In A Henhouse ” sont des brûlots explosifs qui donnent la patate et l’envie de taper du pied sur le plancher du rade où l’on est en train d’écluser quelques binouzes, soudé au comptoir.
Copies certes, ces chansons n’en demeurent pas moins excellentes, irriguées par les soli racés et toujours inspirés de Ice Dale dont on reconnaît immédiatement la patte (sur “ Midwest Punk ”, “ Get Liquoered ”, dont les lignes évoque le “Shadowed Realms” achevant Between Two Worlds de I, notamment). Mieux, si Bourbon Flame a le regard rivé dans le rétroviseur, il n’en oublie pas pour autant de sonner moderne et puissant. Hommage d’accord, mais ce n’est pas encore le service gériatrie. Pour un peu, on pourrait même trouver cet album largement meilleur que ceux dont il s’inspire, avis purement subjectif que tous les nostalgiques de cette époque ne risquent pas de partager. Ils ont tort.
Voilà donc un essai sincère et sympathique de la part d’un groupe qui ne nourrit d’autre prétention que celle de se faire plaisir… et de faire plaisir. On en redemande ! (2008) ⍖⍖
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